« Bernard Arnault révèle le secret de sa fortune », « Une interview d’Elise Lucet fait scandale », « Il ne savait pas que son micro était ouvert »… Nombre d’utilisateurs ont déjà été confrontés, sur Facebook, à des publicités frauduleuses de ce type. Conçues et diffusées par des professionnels du marketing, elles servent à rabattre les internautes vers des escroqueries financières, parfois jusqu’à la ruine. Une enquête de Reuters, publiée jeudi 6 novembre, révèle que l’achat de ces publicités représente une part non négligeable des revenus du réseau social.
Selon des documents internes obtenus par l’agence de presse, Meta projetait, fin 2024, que les fonds injectés dans des publicités frauduleuses pour des arnaques à l’investissement ou des produits illicites allaient représenter près de 10 % de ses revenus annuels, soit environ 16 milliards de dollars. L’agence révèle également que Meta montre à ses utilisateurs près de 15 milliards de dollars de publicités jugés à « haut risque » et apparaissant clairement comme frauduleuses.
Les documents indiquent que Meta a conscience que les amendes infligées par les autorités nationales pour publicité frauduleuse sont inévitables, anticipant des sanctions pouvait atteindre un milliard de dollars, mais un autre document précise que le montant rapporté par les publicités présentant « un risque juridique élevé » surpasse « le coût de n’importe quel règlement avec les autorités concernant les publicités frauduleuses ».
Les annonces frauduleuses – diffusées aussi bien sur les sites de Meta que sur Google, YouTube ou X, jouent un rôle crucial dans plusieurs écosystèmes criminels en ligne. Que ce soit pour des arnaques à l’investissement, pour vendre des produits minceur non réglementés ou encore pour faire la pub d’applications de rencontre et de casinos en ligne, les régies publicitaires sont inondées par des sociétés de marketing plus ou moins légales devenues expertes en la matière et cherchant constamment à déjouer les systèmes de modération.
Des problèmes de modération
Interrogé par Reuters, le directeur de la communication de Meta, Andy Stone, estime auprès de l’agence que ce chiffre de 10 % des revenus annuels est une estimation « grossière » qui pourrait englober de « nombreuses » publicités non frauduleuses, et qu’un autre calcul plus récent avait révélé un chiffre plus bas. Le porte-parole de l’entreprise ajoute par ailleurs qu’en 2025 le groupe a supprimé plus de 134 millions de publicités de ce type.
Selon Reuters, les employés de Meta ont pointé ces dernières années plusieurs problèmes de modération, regrettant que des comptes diffusant des publicités pour des produits financiers frauduleux continuaient à opérer tant qu’ils n’avaient pas reçu un certain nombre d’avertissements. L’enquête révèle ainsi que les pages dépensant le plus en publicité bénéficieraient d’une clémence particulièrement importante, et ne seraient supprimées qu’après plus de 500 annonces sanctionnées par la modération.
Comme le souligne le média spécialisé Indicator, certains acteurs dépensent des millions de dollars dans des publicités frauduleuses sur les plateformes de Meta.







