dimanche, décembre 14

  • Pour faire face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), l’État a déployé depuis juin dernier une vaste stratégie sanitaire, dont l’abattage de troupeaux entiers.
  • Une méthode assumée par le gouvernement, mais de plus en plus contestée par une partie des éleveurs.
  • Dans le Sud-Ouest, la colère est montée d’un cran avec des blocages d’axes routiers et des manifestations nocturnes.

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Dermatose nodulaire : les agriculteurs mobilisés

Vaccination, zones réglementées, déplacements strictement encadrés… Depuis l’apparition de la dermatose nodulaire contagieuse, l’État applique une stratégie sanitaire qui rappelle, à bien des égards, celle mise en place pendant la crise du Covid-19. Une réponse jugée efficace par les autorités, mais vécue comme brutale par de nombreux éleveurs, alors que les mobilisations se multiplient dans le Sud-Ouest.

Une réponse sanitaire en trois piliers

Il faut dire que dès les premiers cas détectés en Auvergne-Rhône-Alpes, le 29 juin dernier, le ministère de l’Agriculture a activé un protocole clair : éradiquer la maladie coûte que coûte à l’aide de trois leviers. D’abord, l’abattage systématique de l’ensemble des bovins présents dans les foyers infectés, même lorsque certains animaux ne présentent aucun symptôme. Ensuite, une vaccination (nouvelle fenêtre) obligatoire dans de larges zones de 50 kilomètres autour des foyers. Enfin, des restrictions strictes de circulation des troupeaux, le temps que l’immunité collective s’installe.

Le dépeuplement de l’ensemble des bovins d’un foyer s’impose à nous

Marie-Christine Le Gal, directrice générale adjointe de l’alimentation

« On ne peut pas distinguer un animal sain d’un animal porteur s’il ne présente pas de signes cliniques », justifie Marie-Christine Le Gal, directrice adjointe de l’alimentation au ministère de l’Agriculture, dans une vidéo publiée ce samedi. « C’est pour cette raison que le dépeuplement de l’ensemble des bovins d’un foyer s’impose à nous. » Une stratégie qui pour l’heure a fait ses preuves : en Auvergne-Rhône-Alpes, les zones réglementées ont été progressivement levées, permettant aux éleveurs de reprendre leurs échanges, y compris vers l’Italie et la Suisse. Mais la situation s’est brusquement tendue ces derniers jours en Occitanie, avec de nouveaux foyers détectés (nouvelle fenêtre) et l’extension de zones de vaccination obligatoires, notamment dans le Gers, la Haute-Garonne, les Pyrénées-Atlantiques ou encore les Landes.

La Coordination rurale vent debout

C’est dans ce contexte que la colère agricole (nouvelle fenêtre) a explosé. Dans la nuit de vendredi à samedi, plusieurs axes majeurs ont été bloqués, dont l’autoroute Toulouse-Bayonne. À Lescar, près de Pau, des ballots de paille ont même été incendiés, deux policiers légèrement blessés, et l’A64 temporairement fermée. Car pour la Confédération paysanne et la Coordination rurale, le protocole actuel est vécu comme injuste et disproportionné (nouvelle fenêtre). Les deux organisations dénoncent notamment une gestion « plus effrayante que la maladie elle-même » et réclament la fin de l’abattage systématique au profit d’une vaccination élargie.

Mais pas de quoi faire reculer le gouvernement. Pour la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, l’abattage reste « la seule solution » pour contenir le virus, conformément aux règles européennes. « Nous sommes engagés dans une véritable course contre la montre », a-t-elle insisté, tout en se disant prête à discuter d’un élargissement progressif des zones de vaccination. D’autant que le monde agricole apparaît, lui aussi, profondément divisé. La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs soutiennent la ligne gouvernementale, estimant qu’une vaccination généralisée placerait la France « sous cloche » et menacerait son statut sanitaire européen, essentiel pour les exportations.

Aymen AMIRI

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