vendredi, mai 17
Des soldats italiens montent la garde devant le pavillon israélien, à la Biennale de Venise, le 16 avril 2024.

Des soldats italiens montant la garde devant une porte fermée. Une vidéo projetée à l’intérieur d’un pavillon vide. Le jour de l’ouverture de la Biennale de Venise, mardi 16 avril, l’artiste israélienne Ruth Patir a annoncé dans un communiqué sa décision de renoncer à présenter l’exposition « Motherhood ». Les visiteurs pouvaient donc lire, sur une affiche rédigée en anglais : « L’artiste et les curatrices du pavillon israélien ouvriront l’exposition quand il y aura un cessez-le-feu et la libération des otages. »

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La veille encore pourtant, interrogée par le quotidien de gauche israélien Haaretz, l’une des deux commissaires du pavillon, Mira Lapidot, répondait en évoquant la « liberté artistique » au groupe Art Not Genocide Alliance, qui avait appelé en février les organisateurs de la Biennale à disqualifier Israël en raison des « atrocités en cours contre les Palestiniens à Gaza ». « Toute représentation officielle d’Israël sur la scène culturelle internationale est une approbation de sa politique », estimaient les signataires, parmi lesquelles des personnalités comme Nan Goldin et des artistes qui représentent cette année l’Albanie, la Finlande, le Nigeria et le Zimbabwe. Sans mentionner le massacre perpétré le 7 octobre 2023 par le Hamas, ces derniers critiquaient le sujet même du pavillon israélien, la maternité, alors qu’« Israël a tué plus de 12 000 enfants et détruit l’accès aux soins médicaux ». « Je ne suis pas une porte-parole du gouvernement, se défendait Mira Lapidot, et nous n’avons pas été choisies pour faire des relations publiques. Nous avons notre liberté artistique ici. »

Sans justifier l’annulation in extremis, l’artiste Ruth Patir s’est limitée à un bref commentaire, confiant au New York Times : « Je déteste [avoir eu à le faire], mais je pense que c’est important. » Lors de la dernière édition de la Biennale, en 2022, l’artiste et le commissaire choisis pour représenter la Russie avaient également renoncé à présenter leurs œuvres, mais, dans ce cas, afin de manifester leur désaccord avec l’invasion de l’Ukraine, quelques mois plus tôt.

Disqualifiés a priori

Le sentiment d’être écartelés tourmente plus que jamais les artistes israéliens. Dénoncés comme solidaires du gouvernement de Benyamin Nétanyahou qu’ils combattent politiquement, ils sont aussi disqualifiés a priori pour compatir avec la détresse des Gazaouis, alors que la plupart s’affichent en soutien des Palestiniens réclamant un Etat. Avant la Biennale, le concours de l’Eurovision de la chanson avait servi de tribune aux partisans du boycott de l’Etat hébreu.

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