Le déploiement des compteurs électriques communicants Linky s’est déroulé de façon satisfaisante et à un coût inférieur aux prévisions initiales, estime la Cour des comptes.
Cette dernière se montre toutefois critique sur les conditions de rémunération d’Enedis, chargé du projet.
Elle estime que le gestionnaire a bénéficié d’un mécanisme de « différé tarifaire » qui a été « supporté in fine par les consommateurs ».
La Cour des comptes dresse un bilan satisfaisant de « l’opération Linky « . Dans un rapport dévoilé ce jeudi, l’institution révèle que le déploiement massif de ces compteurs électriques par le gestionnaire Enedis a été réalisé « dans les délais impartis et à un coût inférieur aux prévisions initiales« . Il s’élève à 4,6 milliards d’euros, ce qui est inférieur de 18% à la prévision initiale, avec notamment des économies de 880 millions d’euros sur les conditions d’achat et de pose des compteurs, selon elle.
L’institution de la rue Cambon souligne toutefois que le financement du programme est « dérogatoire de la rémunération habituelle des actifs régulés d’Enedis et ne fait l’objet d’aucun ajustement » pour les années futures, jusqu’à la fin du programme. Elle évalue cette « rémunération additionnelle » à 311 millions pour la période 2016-2023, avec un taux de rémunération garanti jusqu’en 2041.
Le « différé tarifaire » en question
La Cour des comptes souligne également qu’Enedis a bénéficié d’un dispositif de rémunération « avantageux », avec un bonus de 407 millions entre 2016 et 2022, au titre de la « régulation incitative« , c’est-à-dire sa capacité à atteindre des objectifs de performance. Enfin, le gestionnaire a bénéficié d’un mécanisme « complexe et coûteux » de « différé tarifaire » qui a été « supporté in fine par les consommateurs« . Ce dispositif permet en effet de décaler le remboursement de quelques années en autorisant Enedis à prélever tous les ans sur les factures.
Mais la Cour voit aussi des bénéfices au déploiement de Linky, avec notamment la diminution des coûts de relevé et des petites interventions, devenues faisables à distance, ainsi que la réduction de certaines pertes liées aux anomalies de comptage ou aux erreurs de facturation. « Une part de ces gains a été rétrocédée aux consommateurs à travers la baisse du coût de certaines prestations« , souligne-t-elle.
« Linky contribue également à la stabilité du réseau électrique en participant à l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité lors de périodes de tension, comme ce fut le cas lors de l’hiver 2022-2023« , souligne par ailleurs la Cour. Ces compteurs ont ainsi permis d’éviter d’avoir recours à des coupures exceptionnelles lors du pic de consommation de milieu de journée.
La Cour des comptes estime cependant que le bilan en termes commercial et de maîtrise de la demande d’énergie est « encore décevant« . Elle souligne enfin que la réduction des pertes liées aux fraudes « a été entravée par les effets de la hausse des prix de l’électricité à partir de 2022« . Plus de 37,2 millions de compteurs Linky sont déjà installés en France, équipant plus de 94% des foyers, indiquait Enedis cet été. Deux millions de foyers refuseraient encore de s’équiper.