Alors que la COP30 s’est conclue au Brésil sur un constat en demi-teinte, l’histoire environnementale, elle, témoigne d’un remarquable dynamisme. Sous la direction de Steve Hagimont et Charles-François Mathis, La Terre perdue. Une histoire de l’Occident et de la nature, XVIIIe-XXIe siècle (Tallandier, 448 pages, 26 euros) réunit une trentaine de contributions qui éclairent les profondes transformations opérées depuis le siècle des Lumières sur les campagnes, les montagnes, les fleuves, les littoraux, mais aussi sur les villes et le climat.
Industrialisation, mutations agricoles, mondialisation du commerce et des transports : autant de forces qui ont contribué à instaurer un rapport de domination à l’égard de la nature à l’échelle planétaire. Les sciences – physiques comme naturelles – et les savoirs juridiques ou économiques ont constamment repoussé les limites du monde naturel. L’ampleur du panorama proposé par l’ouvrage offre aux lecteurs un accès privilégié à l’état le plus récent de la recherche en histoire de l’environnement.
Cette lecture peut être prolongée par Une histoire environnementale de la France, en trois volumes (La Découverte, deux premiers volumes parus en 2025, 2026, pour le troisième), qui se présente comme une « contre-histoire de la modernité française et européenne ». L’ensemble invite à relire le passé en intégrant les non-humains dans le récit historique, tout en adoptant une posture critique à l’égard des idéologies du progrès, perçues ici comme porteuses d’aveuglements. Face aux discours écomodernistes, ces volumes redonnent voix aux mouvements minoritaires comme aux formes de résistance.
Décalage
Alors que le champ ne cesse de s’élargir, Grégory Quenet propose dans Histoire de la pensée écologique (PUF, 216 pages, 17,90 euros, format numérique 13,99 euros) une analyse originale de l’incapacité de l’écologie politique à s’imposer parmi les grandes idéologies contemporaines. Selon lui, la pensée écologique s’est longtemps tenue à distance de l’histoire comme du futur, préférant un modèle fondé sur l’espace – celui d’un paradis perdu à préserver ou à restaurer – plutôt qu’une vision du temps tournée vers l’idée de progrès. Ce décalage expliquerait en partie pourquoi, malgré la gravité croissante de la crise environnementale, les partis écologistes peinent encore à convaincre dans les urnes.
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