Dans les couloirs feutrés de l’Hôtel Renaissance Mirage, au Caire, des touristes occidentaux en chaussons et peignoir croisent d’anciens détenus palestiniens en jogging noir, hagards et le dos voûté par des années d’enfermement. Condamnés à perpétuité en Israël, ils ont été expulsés le 13 octobre, dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu conclu avec le Hamas à Gaza. Parmi les 154 personnes priées par leurs hôtes égyptiens de reprendre des forces au plus vite avant de décamper, 18 sont des cadres du Hamas. Devenus parias comme les chefs en exil de leur mouvement, ils n’ont plus d’Etat disposé à les accueillir, depuis l’attaque terroriste menée contre Israël le 7 octobre 2023.
Le patron du renseignement intérieur israélien l’avait promis : les leaders du Hamas seront « éliminés », où qu’ils se trouvent. « Au Liban, en Turquie, au Qatar, partout ! Cela prendra des années, mais nous serons là », avait assuré Ronen Bar, en décembre 2023. La menace fut aussitôt mise à exécution. En janvier 2024, Saleh Al-Arouri, numéro deux du Hamas, est tué dans une frappe de drone à Beyrouth. Sept mois plus tard, c’est au tour du numéro un, Ismaïl Haniyeh, d’être assassiné à Téhéran.
En septembre, une salve de missiles israéliens cible, au Qatar, le siège du bureau politique du Hamas. Les dirigeants en réchappent, mais l’attaque fait sept morts, dont le fils du principal négociateur, Khalil Al-Hayya. Un mois plus tard, l’accord de paix voulu par Donald Trump offre un répit à ces fugitifs. Le président américain a besoin d’eux pour la suite des négociations, mais l’Occident et la majorité des Etats arabes exigent leur reddition politique et militaire. Ils doivent disparaître.
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