samedi, mai 18
 La Chambre des représentants de l’Arizona en session, à Phoenix, le 24 avril 2024.

C’est un possible nouveau revirement sur le thème de l’avortement aux Etats-Unis, qui occupe une place majeure de la campagne présidentielle avant les élections de novembre. La Chambre des représentants de l’Arizona a voté, mercredi 24 avril, l’abolition d’une loi de 1864 qui interdisait la quasi-totalité des avortements, et qui avait été jugée applicable il y a deux semaines par la Cour suprême de cet Etat clé sur le plan électoral. Si le Sénat de l’Arizona fait de même comme prévu, l’Arizona autoriserait l’IVG jusqu’à 15 semaines.

Trois républicains modérés ont joint leurs voix aux 29 démocrates pour parvenir à une majorité pour l’abolition de cette loi qui interdit tout avortement dès le moment de la conception, sauf si la vie de la mère est en danger. Ni le viol ni l’inceste ne sont considérés comme des exceptions valables, selon la loi abolie qui a suscité une vive controverse dans le pays, étant condamnée par Joe Biden mais également critiquée de façon plus modérée par Donald Trump.

Restée en sommeil depuis des décennies, cette loi « est désormais applicable », avait dit la Cour suprême d’Arizona dans sa décision rendue le 9 avril. La loi était bloquée depuis l’arrêt Roe vs Wade de la Cour suprême des États-Unis en 1973, qui garantissait le droit constitutionnel à l’avortement dans tout le pays.

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« Une tache sur notre Etat »

Mais après le revirement de jurisprudence de la Cour qui a annulé en juin 2022 cette garantie fédérale du droit à l’avortement, le procureur général de l’Arizona de l’époque, Mark Brnovich, un républicain, a persuadé un juge de l’État que l’interdiction de 1864 pouvait être appliquée. Selon cette loi approuvée avant même que l’Arizona ne soit intégré aux Etats-Unis en 1912, les personnes aidant à un avortement pourraient être poursuivies et condamnées à une peine de deux à cinq ans de prison.

La décision « de réimposer une loi datant d’une époque où l’Arizona n’était pas un Etat, où la Guerre civile faisait rage et où les femmes ne pouvaient même pas voter, restera dans l’Histoire comme une tache sur notre Etat », avait déploré, le 9 avril, la procureure générale de l’Arizona, la démocrate Kris Mayes, qui a prévenu de longue date qu’elle n’engagerait aucune poursuite. Mais cela pourrait changer au gré des scrutins puisque les procureurs sont élus aux Etats-Unis.

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Des dizaines de personnes se sont rassemblées devant le Capitole de l’État avant la réunion prévue de la Chambre et du Sénat, puis se sont assises dans la tribune publique pendant que les élus votaient, beaucoup d’entre eux portant des pancartes ou des habits montrant leur opposition au droit à l’avortement.

Initiative pour un référendum

Les promoteurs d’une initiative populaire ont récemment annoncé avoir recueilli les signatures pour obtenir un référendum afin d’inscrire l’avortement dans la Constitution de l’Arizona. S’il est confirmé, ce vote devrait avoir lieu en même temps que la présidentielle de novembre, comme ce sera par exemple le cas en Floride, autre Etat décisif.

Le président démocrate sortant Joe Biden fait de la défense des droits des femmes un axe majeur de sa campagne pour un second mandat, face à son adversaire républicain Donald Trump. Ce dernier se targue lui-même d’avoir, par ses nominations à la Cour suprême des Etats-Unis, abouti au revirement de jurisprudence de juin 2022, mais pointe les risques électoraux d’un positionnement trop conservateur sur l’avortement.

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« Ne vous y trompez pas, les Arizoniens vivent maintenant en 1864 parce que Donald Trump a démantelé Roe vs Wade », a déclaré la sénatrice démocrate Priya Sundareshan de Tucson lors d’une conférence de presse organisée mercredi par l’équipe de campagne de Joe Biden et le Parti démocrate de l’Arizona. Le vote d’abrogation intervient un jour après que le président américain a déclaré que son rival républicain avait créé une « crise des soins de santé pour les femmes de tout le pays » en entravant leur accès aux soins.

Le Monde avec AP et AFP

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