NETFLIX – À LA DEMANDE – SÉRIE
Quelque part au milieu de la saison, alors qu’un personnage vient de mourir, un espion sous couverture interprété par Ted Danson lit, en guise d’hommage, les célèbres vers de Comme il vous plaira : « Le monde entier est une scène. » Le passage s’achève par une formule délicate qui compare le dernier âge de la vie à une « seconde enfance ». Dans Espion à l’ancienne, Michael Schur prend Shakespeare au mot, et fait d’une maison de retraite de San Francisco le lieu des derniers plaisirs, amitiés, émois, des dernières chamailleries et des dernières folies aussi.
Attendri par l’âge − ou peut-être juste par le fait de travailler avec Netflix −, l’ex-scénariste de Parks and Recreation et de Brooklyn Nine-Nine adapte avec beaucoup de précautions une histoire vraie venue du Chili et immortalisée dans un documentaire à succès, The Mole Agent. Transposée en Californie, cette histoire abracadabrantesque de prof à la retraite infiltré dans un Ehpad de luxe pour élucider un vol de bijoux semble effectivement taillée sur mesure pour le petit écran et pour le charisme de Ted Danson, acteur proche de Michael Schur depuis The Good Place.
Sans lui, il est possible que l’on serait resté à la porte de cette série gentiment pépère, plutôt pensée pour la case « troisième âge » des abonnés Netflix. Cela aurait été dommage, car elle abat ses meilleures cartes en milieu de saison, quand, après avoir installé le distingué Charles Nieuwendyk à la résidence pour personnes âgées de Pacific View, elle se détourne de l’enquête autour du collier dérobé pour s’intéresser à son véritable sujet, qui est celui du grand âge. La question n’est pas anodine pour Charles, qui vient de perdre sa femme des suites de la maladie d’Alzheimer.
Elégance infinie
Espion à l’ancienne a beau livrer une vision terriblement édulcorée de la maison de retraite, les pensionnaires qui sont venus y achever leur existence sont travaillés par les mêmes questionnements et les mêmes envies que les autres. Que faire de ces derniers instants ? Que reste-t-il à accomplir pour s’en aller sans trop de regrets ?
Durant son temps à Pacific View, Charles trouvera des réponses en chacun des résidents de l’établissement, qui lui permettront à la fois de résoudre l’énigme qui lui vaut d’être là mais surtout d’aborder avec un peu plus de sérénité le temps qui lui reste à vivre, certes privé de sa femme mais rapproché de sa fille, Emily, dont il a fait sa complice.
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