lundi, octobre 21

“C’est donc arrivé”, sanctionne l’éditorialiste de la Gazet van Antwerpen. “À Ranst, près d’Anvers, le Vlaams Belang accède au pouvoir.” À la une de ce journal provincial figure, habillée de jaune, Christel Engelen, membre du parti d’extrême droite flamand, qui a scellé samedi 19 octobre une alliance avec deux partis locaux. “Ranst brise le cordon [sanitaire]”, titre la Gazet.

En Belgique, le système électoral proportionnel fait qu’un parti obtient très rarement une majorité : il faut donc former des coalitions. Mais pas avec n’importe qui. Depuis une trentaine d’années, les partis démocratiques appliquent le principe de “cordon sanitaire” : on ne s’allie jamais avec l’extrême droite. Dans la partie francophone du pays, il implique même qu’on ne lui donne pas directement la parole dans les médias.

Ce principe a effectivement “écarté le parti d’extrême droite du pouvoir pendant trente ans”, précise le journal, jusqu’aux élections communales du 13 octobre dernier. À Ranst, on a donc brisé le cordon, tandis qu’à Ninove cela n’a pas été nécessaire : dans cette commune proche de Bruxelles, l’extrême droite a réuni une majorité à elle seule et voit donc l’élection de son premier bourgmestre depuis la fin de la guerre.

Précédents français

Quant au poids qu’il convient de donner à l’événement, les avis des éditorialistes flamands divergent. Pour De Standaard, la coalition de Ranst “tient plus de l’incident que de la rupture d’une digue”. Car elle s’explique avant tout par de la politique locale, et ses auteurs ont été immédiatement exclus des partis nationaux (libéral et démocrate-chrétien) auxquels ils appartenaient.

Peut-être, mais pour le principal éditorialiste politique de la VRT, “quand les digues cèdent, cela commence toujours par une petite fissure”. De Morgen est d’accord, qui appelle à se fonder sur les précédents français, ces villes où le FN – désormais RN – gouverne depuis les années 1990. À Vitrolles, rappelle-t-il, la directrice d’un cinéma a été renvoyée en 1997 pour avoir programmé un film sur l’homosexualité. À Orange, en 1996, “le maire a retiré des livres sur le racisme, le rap et la mondialisation de la bibliothèque pour les remplacer par des pamphlets extrémistes écrits par des figures du FN et d’anciens collaborateurs SS”.

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