dimanche, décembre 22

Près de quatre mois d’audience, quatorze semaines précisément. Cinquante et un accusés, tous des hommes. Et une femme, seule, qui a refusé le huis clos et leur a fait face, avec dignité, devant la cour criminelle du Vaucluse. Le verdict dans le procès hors norme des viols de Mazan a été prononcé le jeudi 19 décembre. Dans un ­éditorial du 29 novembre, Le Monde a salué « la leçon de justice de Gisèle Pelicot » : « Exemplaire, ce spectaculaire retournement qui a vu une victime de viols se placer au centre du procès de ses agresseurs au cours d’audiences suivies par les médias du monde entier a déjà suscité de vastes et utiles débats sur la “culture du viol” et la question du consentement. »

De « culture du viol », il a été souvent question dans les colonnes du quotidien du soir ces dernières semaines. La lecture des comptes rendus d’audience rédigés par Pascale Robert-Diard et Henri Seckel, chroniqueurs judiciaires au Monde, illustre combien les avocats ont différemment apprécié ce concept. Maître Stéphane Babonneau, l’un des conseils de Gisèle Pelicot, a vu dans les dénégations de la quasi-totalité des accusés « un mode de défense révélateur d’un phénomène bien plus profond : la culture du viol ». Les avocats de la défense, eux, ont, à l’inverse, invité les juges à ne pas faire de ce procès celui de la culture du viol ou du patriarcat, mais de s’attacher aux seules responsabilités des prévenus.

La controverse s’est aussi invitée dans les pages « Idées » du Monde. L’essayiste Noémie Renard note, le 20 septembre, que Dominique Pelicot « ne semble pas avoir eu de difficultés à trouver des hommes acceptant d’avoir des rapports sexuels avec sa femme inconsciente ». Selon l’autrice d’En finir avec la culture du viol (Les Petits Matins, 2018), ce procès « montre à quel point les violences sexuelles font partie intégrante de notre société (…) et révèle au grand public la prégnance de la culture du viol ». Un concept qu’elle désigne comme « l’ensemble des stéréotypes et faits sociaux qui favorisent le passage à l’acte dans les cas de violences sexuelles et empêchent de les identifier comme tels une fois l’acte commis ».

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