dimanche, mai 19
Dans un camp de déplacés près de Goma, en République démocratique du Congo, après une distribution de nourriture, le 17 mars 2024.

C’est un condensé des catastrophes planétaires : impacts dévastateurs de la sécheresse en Afrique australe, violence des gangs en Haïti, risque imminent de famine à Gaza… Le nombre de personnes menacées par la faim dans le monde n’a jamais été si élevé. En 2023, 281 millions de personnes, dans 59 pays, étaient confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, selon le rapport mondial sur les crises alimentaires, publié mercredi 24 avril par plusieurs organisations internationales (agences onusiennes, Union européenne, Agence des Etats-Unis pour le développement international…). Ce chiffre est en hausse par rapport à 2022 (257 millions) et pour la cinquième année d’affilée.

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« Ce rapport sonne comme un catalogue des échecs de l’humanité, s’alarme le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, en préambule de cette analyse. Dans un monde d’abondance, des enfants meurent de faim », s’indigne le diplomate.

Contrairement à d’autres évaluations internationales qui documentent l’insécurité alimentaire chronique sur l’ensemble du globe, le rapport sur les crises alimentaires s’attache aux régions confrontées aux foyers de faim les plus extrêmes – le plus souvent à la suite d’un choc (conflit armé, crise économique ou événement climatique) – nécessitant une réponse d’urgence. Il s’appuie sur une échelle de classification de l’insécurité alimentaire qui distingue cinq niveaux avant la famine. Au fil des ans, le nombre des territoires et pays étudiés dans ce cadre a augmenté. Si ce périmètre évolutif rend plus difficiles les comparaisons d’une année sur l’autre, il reflète aussi une multiplication des zones de crise, et donc, in fine, des personnes confrontées à l’urgence.

En 2022, 22,5 % de la population étaient menacés par la faim dans 58 pays analysés, contre 21,5 % un an plus tard, sur un plus large périmètre. « Ces chiffres peuvent être difficiles à interpréter, observe Michael Siegel, directeur du plaidoyer d’Action contre la faim. En regardant la seule prévalence, on pourrait croire à une légère amélioration, mais, la zone couverte étant plus large, il s’agit bien d’une hausse des personnes touchées par l’insécurité alimentaire aiguë. »

« Une arme de guerre »

L’année 2023 a été marquée par de nouvelles crises humanitaires fulgurantes. A Gaza, l’intégralité des 2,2 millions d’habitants est aujourd’hui confrontée à la faim, en raison de l’offensive israélienne lancée au lendemain de l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre ; et la moitié de la population est affectée à un niveau catastrophique. Du jamais-vu à cette échelle, depuis vingt ans que la classification de l’insécurité alimentaire est employée. Un mois après un rapport alarmant, mi-mars, sur l’explosion de la faim à Gaza, « les conditions nécessaires pour prévenir la famine – notamment la cessation immédiate des hostilités – ne sont toujours pas remplies », note Fleur Wouterse, directrice adjointe du bureau des urgences et de la résilience de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

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