lundi, mai 13

Les organisations criminelles françaises restent principalement actives dans le domaine du trafic de stupéfiants, un secteur où leur niveau – encore considéré comme intermédiaire au regard de structures bien plus étoffées comme la Mocro Maffia néerlandaise ou la’Ndrangheta calabraise – les cantonne à la réception puis à la distribution de la marchandise. En revanche, selon un rapport d’Europol sur les 821 groupes criminels les plus menaçants du continent, des organisations étrangères ont de longue date pris le pays pour cible dans trois domaines particuliers, qui placent la France parmi les Etats les plus concernés, à l’instar de la Belgique, de l’Allemagne, de l’Italie ou de Malte.

La traite des êtres humains à des fins sexuelles est l’un d’eux, un constat déjà souligné dans le rapport sur « L’état du crime organisé en France », établi par le Service d’information, de renseignement et d’analyse stratégique sur la criminalité organisée, en 2023. L’année 2021 avait notamment connu un « sombre record », observait ce document, avec 1 133 victimes recensées. Un chiffre en légère baisse en 2022, avec 966 victimes.

L’Office central pour la répression de la traite des êtres humains avait, quant à lui, relevé, à la même période, un phénomène de « mutation durable » marqué par une prostitution « logée » dans 80 % des cas – par opposition à la prostitution de voie publique –, et en grande partie numérisée, via des sites ou des annonces sur Internet.

Deuxième point d’inquiétude pour les pouvoirs publics : le trafic de migrants, assuré par de véritables filières structurées, dont les plus actives sont essentiellement d’origine irako-kurde ou iranienne. Le nombre de démantèlements réalisés par des services d’enquête – 325 pour la seule année 2022 – donne une idée de l’ampleur.

Equipes itinérantes

Enfin, un phénomène moins connu place la France à la première place des pays concernés : les cambriolages et vols organisés, perpétrés à l’occasion de véritables campagnes d’une durée variable, de plusieurs jours à quelques semaines. Particulièrement notables dans l’est de la France, ces « faits sériels » sont souvent la marque d’équipes itinérantes – souvent composées de jeunes femmes issues de la communauté rom de Serbie – visant pavillons et maisons d’habitation de particuliers, avec un mode opératoire attaché à la multiplication de butins intermédiaires (matériel informatique ou bijoux, petites sommes d’argent immédiatement accessibles) plutôt qu’aux « gros coups ».

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D’autres biens, dont le vol nécessite des compétences plus pointues, aiguisent également l’appétit d’équipes plus aguerries, comme le matériel médical (échographes, machines de cryothérapie, usineuses) ou, tendance en hausse, les vélos haut de gamme. En octobre 2021, vingt-deux vélos des membres de l’équipe nationale italienne de cyclisme (ainsi qu’une machine à café de marque Lavazza) avaient ainsi été dérobés à l’occasion du Mondial sur piste à Roubaix (Nord), pour un préjudice total estimé entre 400 000 et 700 000 euros. Deux jeunes hommes d’origine bosniaque avaient été interpellés moins de deux mois plus tard à Besançon, et les membres d’un réseau avaient été appréhendés en Roumanie alors qu’ils tentaient de vendre les cycles pour 1 500 euros pièce.

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