lundi, mai 13

A la table de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, 112 pays ont droit de cité,  selon un rapport d’Europol sur les 821 groupes criminels les plus menaçants du continent européen. Pas un pays d’Europe n’est épargné par la présence d’une organisation criminelle « menaçante ». Au sein de ce large panel figurent en premier lieu des groupes venant d’Albanie, de Belgique, de France, d’Allemagne et d’Italie. Quant aux 85 pays tiers, aux premiers rangs desquels les groupes criminels turcs et ukrainiens, ils opèrent principalement sous la forme d’une « appartenance combinée » avec des partenaires installés au sein de l’Union européenne.

Néanmoins, une organisation criminelle est capable de se projeter sur un territoire étranger sans pour autant disposer dans son organigramme de membres originaires de cette région. Ainsi, seuls 36 % des réseaux criminels présents en Amérique latine comptent parmi leurs membres des personnes originaires de la région. De manière générale, 68 % des réseaux sont composés de membres issus de plusieurs pays, tandis que 32 % comptent des membres d’une même nationalité.

En dépit d’activités illicites marquées par l’internationalisation, la majorité des groupes criminels maintiennent une certaine concentration géographique, et n’étendent pas leurs activités trop largement. Et 76 % des réseaux criminels les plus menaçants sont présents ou actifs dans deux à sept pays, quand seulement moins d’un quart opère dans plus de sept pays.

Dubaï, « un centre de coordination à distance »

Cette forme de cohérence géographique régionale est notamment illustrée par les coopérations observées entre les organisations criminelles implantées dans l’est de l’Europe. Ces associations entre groupes dominants et subalternes peuvent changer de composition au gré des opérations, notamment le trafic de tabac, la fraude à la TVA et aux douanes, ou encore la fraude en ligne, ainsi que le trafic de migrants.

Dans cette géographie du crime organisé, une place forte apparaît, sorte de point de rencontre où la neutralité entre concurrents semble respectée : Dubaï. La ville est devenue « un centre de coordination à distance où résident des membres de haut niveau et d’autres acteurs criminels, tels que des courtiers et des organisateurs, pour coordonner les activités des réseaux criminels et entraver leurs activités », selon le rapport.

A l’abri dans leurs luxueux appartements des émirats, les têtes de réseaux peuvent non seulement continuer à gérer leurs intenses activités criminelles en laissant les « petites mains » encourir les risques physiques et judiciaires dans leurs pays d’origine, mais aussi profiter d’un climat propice aux alliances. « Certains réseaux criminels peuvent unir leurs forces uniquement pour des raisons opportunistes. [Ils] ne présentent pas de schémas clairement distincts en matière de composition nationale et sont composés de membres de diverses nationalités qui coopèrent sur un projet criminel commun. » Une forme d’alliance diplomatique au service du crime.

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