- Une tentative de coup d’État a été déjouée ce dimanche à Cotonou, capitale économique du Bénin.
- Des militaires avaient affirmé à la télévision avoir destitué le président Patrice Talon, au pouvoir depuis 10 ans.
- Depuis Paris, le Quai d’Orsay appelle les ressortissants français à la plus grande prudence.
Paris se dit mobilisé. Quelques heures après une tentative de coup d’État déjouée à Cotonou, la capitale économique du Bénin, le Quai d’Orsay appelle ses ressortissants « à la plus grande prudence »
, annonce son porte-parole dans un communiqué. Il précise que la France « appelle au respect de l’ordre constitutionnel et au fonctionnement normal des institutions et est mobilisée pour veiller à la sécurité de la communauté française présente au Bénin »
.
Les autorités du Bénin ont affirmé ce dimanche avoir déjoué un coup d’État, quelques heures après l’irruption dans la matinée de militaires à la télévision affirmant avoir destitué le président Patrice Talon. Ce dernier doit passer la main en avril lors d’un scrutin présidentiel, après deux mandats à la tête de ce petit pays côtier d’Afrique de l’Ouest à la croissance économique solide, mais miné par des violences jihadistes meurtrières dans sa partie nord.
Les auteurs du putsch ont été arrêtés
Cotonou, où sont situées de nombreuses institutions, notamment la présidence de la République, était calme dimanche après-midi et les habitants vaquaient à leurs occupations. Seuls les quartiers de la présidence et du camp militaire voisin de Guézo demeuraient bloqués par les forces de sécurité. Selon des sources militaires, une douzaine de soldats ont été arrêtés. Parmi eux figurent les auteurs de la tentative de putsch.
Cette tentative de putsch intervient dans une Afrique de l’Ouest secouée par l’instabilité politique depuis le début de la décennie avec des coups d’État au Mali, au Burkina Faso et au Niger, deux voisins du Bénin, ainsi qu’en Guinée et plus récemment, fin novembre, en Guinée-Bissau. L’Union africaine (UA) a condamné « fermement et sans équivoque »
cette tentative de coup d’État, appelant « tous les acteurs impliqués à cesser immédiatement toutes actions illégales ».
De son côté, la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) a annoncé le « déploiement immédiat »
de troupes du Nigeria, de la Sierra Leone, de la Côte d’Ivoire et du Ghana pour soutenir « le gouvernement et l’armée républicaine » du Bénin et « préserver l’ordre constitutionnel ».
Dans la soirée, le Nigeria a confirmé avoir mené des frappes et déployé des troupes chez son voisin.
Patrice Talon, au pouvoir depuis 2016, arrivera en 2026 au terme de son second mandat, le maximum autorisé par la Constitution. Son dauphin désigné, l’actuel ministre des Finances Romuald Wadagni, fait figure d’ultra-favori pour la présidentielle d’avril 2026, le principal parti d’opposition ayant été écarté de la course.
« Il y a une tension perceptible dans le pays depuis des mois du fait des élections »
, pointe Anatole Zinsou, informaticien à Cotonou qui déplore « l’exclusion »
de certains acteurs des processus électoraux. S’il est salué pour le développement économique du Bénin, Patrice Talon est régulièrement accusé d’avoir opéré un virage autoritaire dans un pays autrefois salué pour le dynamisme de sa démocratie.




