samedi, septembre 21

Avec plus de 100.000 cas et une trentaine de décès, la France connaît une de ses pires épidémies de coqueluche.
Celle-ci serait une conséquence de la crise du Covid en 2020-2021 et des multiples restrictions sanitaires.
Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer cette résurgence.

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Les maladies de l’enfance

Avec plus de 100.000 cas et une trentaine de décès, la France connaît sa pire épidémie de coqueluche depuis plus d’un quart de siècle. La circulation de la bactérie s’est « intensifiée sur les derniers mois », a précisé mercredi l’agence Santé publique France. Cette flambée, également observée dans de multiples autres pays, atteint un niveau sans précédent dans l’Hexagone depuis « au moins 25 ans », selon l’Institut Pasteur. 

Plus de 130.000 cas ont été recensés depuis le début d’année, selon les chiffres de l’agence de santé publique, qui se base sur les consultations de médecins libéraux. Le mouvement s’est accéléré pendant tout le printemps avant de se poursuivre de manière soutenue pendant l’été. Et, depuis début 2024, 35 décès sont liés à la coqueluche, dont 22 enfants, pour la plupart des bébés de moins d’un an. 

Une maladie mortelle pour les plus petits

La coqueluche, marquée par une toux très spécifique, est en effet d’abord un danger pour les plus petits. Cette maladie bactérienne, très contagieuse, est souvent bénigne, mais peut entraîner des complications graves, respiratoires et neurologiques, parfois mortelles chez les bébés.

C’est dans ce contexte que les autorités sanitaires ont appelé en plein été à resserrer les mailles de la vaccination. Celle-ci, obligatoire pour le nourrisson lui-même, est recommandée à tous les proches se trouvant en contact avec lui, ainsi qu’à la mère pendant la grossesse. La vaccination est en effet très efficace et protège bien les bébés contre les formes graves. Mais elle n’intervient qu’à quelques mois, d’où l’importance de vacciner l’entourage des tout-petits.

Une conséquence du Covid ?

Mais « s’il est vrai qu’en France, la vaccination a largement permis de faire diminuer le nombre de cas, la coqueluche continue néanmoins de circuler de façon cyclique, avec observation de pics épidémiques tous les trois à cinq ans entre 1997 et 2019 », a rappelé l’Institut Pasteur cette semaine.

« Alors que l’on pouvait s’attendre à un pic épidémique en 2022 ou 2023, celui-ci s’est fait attendre », a-t-il poursuivi. Cette fois, nous y voilà et avec une ampleur particulière. Pourquoi un tel rebond ? Plusieurs hypothèses sont avancées, dont l’une est la conséquence de la crise du Covid en 2020-2021, comme pour d’autres résurgences épidémiques, comme la rougeole.

Il est possible que (…) l’on ait moins stimulé l’immunité globale de la population.

Institut Pasteur et Santé publique France

Les multiples restrictions sanitaires instaurées à l’époque, notamment les confinements, ont limité l’exposition des uns et des autres à de multiples pathogènes. « Il est possible que (…) l’on ait moins stimulé l’immunité globale de la population, ce qui se fait souvent par des infections asymptomatiques », selon les auteurs d’une étude impliquant l’Institut Pasteur et Santé publique France.

Mais ce travail, publié en août dans la revue Eurosurveillance, formule une autre hypothèse, à partir de l’examen d’échantillons prélevés sur une soixantaine de malades de la coqueluche depuis le début de l’année. Chez ces patients, la bactérie Bordetella pertussis, à l’origine de la maladie, avait un profil bien particulier. 

Dans la plupart des cas, elle contenait deux protéines généralement absentes avant la période Covid : la pertactine et l’adhésine FIM2. Or ces deux protéines « jouent un rôle essentiel dans l’adhésion de la bactérie aux cellules » permettant la respiration « et dans la modulation de la réponse de l’hôte », a noté l’institut. « Leur prédominance actuelle, à l’encontre de ce qui était observé avant la ‘période Covid’, pourrait également expliquer la très forte circulation actuelle de la coqueluche », selon ces chercheurs.

En revanche, une autre hypothèse semble moins privilégiée : celle d’un recul de la vaccination, sur fond d’un moindre accès au système de santé pendant les périodes de confinement. « Il n’y a rien qui prouve que la vaccination contre (la coqueluche) ait reculé en France, même si on a observé des retards pendant les premiers temps de la pandémie », a relevé l’étude d’Eurosurveillance.


Rania HOBALLAH | avec AFP

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