lundi, octobre 21

La COP16 sur la biodiversité se tient jusqu’au 1ᵉʳ novembre en Colombie.
Les négociateurs parviendront-ils à passer de la parole aux actes ?
Fabrice Bonnifet, président du C3D, le collège des en doute et nous livre son nouvel édito.

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Impact positif

Ce lundi s’ouvre la 16ᵉ COP sur la biodiversité en Colombie. Ces grandes messes diplomatiques ressemblent de plus en plus à une réunion d’anciens combattants qui constatent avec fatalité les copains partis dans l’année. Ici, ce sont les espèces vivantes dont on énumère tous les ans la disparition vertigineuse ou l’agonie fatale. En seulement 50 ans, les populations d’espèces sauvages de la planète ont diminué de 73%, et 66% de la vie dans les océans s’est dramatiquement dégradée (source Ipbes) ! 

Comme pour les COP climat, les débats commencent souvent dans une incertitude euphorique et se terminent dans la certitude triste que rien ne bougera. 

À la suite de l’accord de Kunming-Montréal, 23 cibles prioritaires avaient été adoptées lors de la COP15, comme la préservation d’au moins 30% des écosystèmes terrestres et marins, l’augmentation des espaces « verts et bleus » en zone urbaine, la réduction des pollutions, notamment celles liées aux plastiques et aux pesticides, l’utilisation raisonnée et non privative des ressources génétiques, le tout d’ici à 2030. Douze mois plus tard, selon les analyses du CarbonBrief, seuls 25 pays – avec ceux de l’UE – sur les 196 qui avaient ratifié l’Accord ont dévoilé leur plan pour y parvenir. 

Outre le fait d’acter le pitoyable constat de l’incapacité des deux tiers des États à tenir ne serait-ce que leurs engagements, la COP16 ambitionne de déterminer les sources de financements pour la biodiversité. Les spécialistes estiment un besoin de 200 milliards de dollars par an pour la nature. Vu l’incompréhension chronique du personnel politique et des acteurs économiques à propos des enjeux essentiels associés à la préservation de la biodiversité, il y a autant de chance de voir les milliards affluer pour le vivant que de confier sereinement la garde d’une souris à un cobra affamé.

Comme il n’existe pas de police mondiale de l’environnement, il va être compliqué de mesurer l’efficacité réelle des actions qui seront mises en œuvre

Fabrice Bonnifet

Un second enjeu de cette COP concerne la définition des indicateurs de suivi des plans d’actions. Comment s’assurer que les « promesses » vont être effectivement suivies de faits et d’effets ? Comme il n’existe pas de police mondiale de l’environnement, il va être compliqué de mesurer l’efficacité réelle des actions qui seront effectivement mises en œuvre, autrement qu’avec la technique du doigt mouillé.

Sans remettre en cause l’utilité des COP, rien que pour le gazouillis médiatique qu’elles génèrent dans l’océan d’informations dont on peine à discriminer le futile du critique, il va falloir urgemment trouver d’autres moyens pour nous réveiller. Rappelons que plus de la moitié du PIB mondial dépend de la nature, à partir de là, nous serions inspirés d’investir d’une part, un maximum d’argent dans tout ce qui pourra éviter la destruction des habitats sauvages (artificialisation) et d’autre part, d’utiliser la puissance de persuasion du marketing pour révéler les propriétés extraordinaires du vivant, afin que nous finissions par avoir envie de le protéger de toutes les agressions de nos modes de vie écocides. 


Fabrice BONNIFET

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