POLITIQUE – Une ligne de défense au bazooka qui pourrait bien se retourner contre lui. Depuis la condamnation de Marine Le Pen à – notamment – cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire dans l’affaire des assistants parlementaires européens, le Rassemblement national tire à boulets rouges sur « la tyrannie des juges rouges ». Si cette condamnation compromet la candidature de leur cheffe de file à la présidentielle 2027 et bouscule le jeu politique, la ferveur avec laquelle les représentants du parti lepéniste s’en prennent à l’autorité judiciaire lui attire des comparaisons en trumpisme.
C’était notamment le cas, ce mercredi 2 avril dans la matinée, de Xavier Bertrand. Au micro de RTL, le président de la région Hauts-de-France a pointé du doigt l’organisation d’une manifestation dimanche à Paris : « C’est quoi l’étape suivante ? Je n’ai pas envie qu’on joue un mauvais remake du Capitole. » Une référence aux partisans de Donald Trump qui ont pris d’assaut le siège des institutions aux États-Unis en janvier 2021 après son échec à la présidentielle. Des émeutes qui ont fait quatre morts.
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Une « trumpisation » également pointée du doigt par Christophe Béchu, maire Horizons d’Angers, interrogé sur Public Sénat : « Ils soufflent sur les braises. En laissant entendre que c’est un juge qui l’empêche d’être candidate, [les cadres du RN] jouent un jeu dangereux avec la démocratie. Il y a bien sur une trumpisation du RN ». Donald Trump lui-même avait d’ailleurs réagi à la condamnation de Marine Le Pen en la comparant à ses propres déboires judiciaires.
Une mobilisation « pour la démocratie », défend Bardella
À gauche, aussi on s’interroge sur l’opportunité d’un tel rassemblement. Le sénateur communiste Ian Brossat et la députée écologiste Sandrine Rousseau jugent respectivement l’événement « troublant » et « irresponsable ». « Ce type de manifestations n’a pas de légitimité et c’est irresponsable de la part des responsables du RN », a appuyé l’élue parisienne. Marine Tondelier, la patronne des Écologistes, a d’ailleurs appelé à une contre-manifestation en soutien à la justice.
Face à la multiplication des comparaisons avec le très populiste président des États-Unis, le président du Rassemblement national a défendu depuis Strasbourg une mobilisation « pour la démocratie ». « Ce n’est pas un coup de force, c’est au contraire une défense très claire et très profonde de l’état de droit et de la démocratie française. C’est une mobilisation en réalité, non pas contre, mais pour la démocratie française », a poursuivi Jordan Bardella face à des journalistes, dont l’AFP, qui se trouvaient sur place.
« Cela nous semblait nécessaire (…) que nous puissions nous exprimer directement aux Français par l’intermédiaire de ces discours qui seront prononcés dimanche avec l’ensemble de nos cadres, de nos parlementaires et de nos militants », a-t-il ajouté.
Marine Le Pen a également écopé en première instance de quatre ans de prison (dont deux ferme aménagés sous bracelet électronique) et d’une amende de 100 000 euros. Elle a fait appel.
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