dimanche, mai 12

A l’orée des beaux jours, une pointe d’inquiétude envahit Christophe Mathon. Pour le maire du village de Saint-Montan, une cité médiévale de 180 habitants nichée dans les confins de l’Ardèche, les prochains mois ne s’annoncent pas de tout repos. Entre avril et octobre, chaque week-end et lors des vacances scolaires, un flot ininterrompu de véhicules se déverse sur sa région, prisée des touristes.

A la sortie de l’A7, à hauteur de Montélimar, nombre d’automobilistes à destination des gorges de l’Ardèche empruntent ensuite la départementale D262, une route qui passe par la place principale du village. « A cette période, on peut observer jusqu’à 1 000 voitures par jour, jure Christophe Mathon. Nos rues ne sont pas adaptées pour recevoir une telle circulation. Des bus, des semi-remorques se sont déjà retrouvés coincés et ont été obligés de faire marche arrière. Ces manœuvres créent des bouchons monstres. Les habitants subissent la situation, et certains d’entre eux partent même dès le début de la saison estivale. Sur la route menant au village, des panneaux indiquent pourtant d’autres itinéraires mais les gens se laissent guider aveuglément par leur GPS. Tout ça pour gagner une poignée de minutes. »

Proposer l’itinéraire le plus rapide, c’est exactement la mission que s’est fixée l’application Waze. La devise de la firme créée en 2008 en Israël est claire : « Outsmart traffic together » (« déjouons le trafic ensemble »). A la différence de ses concurrents TomTom, Sygic ou Plans, Waze repose sur un système participatif de mise à jour des cartes. Une idée d’Ehud Shabtai, un chercheur israélien qui piratait des systèmes GPS pour améliorer la cartographie de son pays et qui décida de créer une application open source, capable de combiner toutes les informations envoyées par les automobilistes (accident, travaux, bouchon, présence de radar, etc.) et de faire évoluer la carte en temps réel. En une quinzaine d’années, Waze a ringardisé la concurrence. En 2013, il a été racheté par Google pour 966 millions de dollars (soit près de 905 millions d’euros) et compte aujourd’hui près de 140 millions d’utilisateurs dans le monde, dont 17 millions en France.

Effets pervers

Reconnues comme des outils pratiques pour trouver facilement son chemin, les applications GPS ne sont pas dénuées d’effets pervers. C’est ce que révèlent les recherches menées par l’Institute of Transportation Studies de l’université de Californie à Berkeley, publiées en 2018. Passé le seuil des 20 % d’automobilistes utilisant des applications GPS pour emprunter des itinéraires bis, l’étude montre qu’une congestion se forme au niveau des bretelles d’accès, créant finalement davantage de difficultés de circulation sur l’autoroute. Pire : un flux continu et massif déferle sur les routes secondaires, lesquelles ne disposent pas des infrastructures suffisantes pour y faire face.

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