- Une publicité canadienne mettant en scène l’ancien président Ronald Reagan, diffusée jeudi soir, a poussé Donald Trump à suspendre ses négociations commerciales avec le Canada.
- Le président américain qualifie ce spot publicitaire de « frauduleux ».
- Le Canada s’est engagé à cesser la diffusion de la vidéo.
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Le second mandat de Donald Trump
Comment une simple publicité a-t-elle pu mettre le feu aux poudres d’une guerre commerciale ? Le premier ministre de la province canadienne de l’Ontario a annoncé vendredi 24 octobre le retrait d’une campagne publicitaire télévisée contre la hausse des droits de douane américains.
« Après discussion avec le Premier ministre canadien Mark Carney, l’Ontario suspendra sa campagne publicitaire aux États-Unis à partir de lundi afin de permettre la reprise des négociations commerciales »
, a déclaré le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford sur X (nouvelle fenêtre). Toutefois, il précise que la publicité serait quand même diffusée aux États-Unis ce week-end, à l’occasion notamment des deux premiers matchs des finales du championnat nord-américain de base-ball, qui engendrent traditionnellement une forte audience. C’est pourtant cette même campagne publicitaire qui a conduit Donald Trump à rompre les négociations commerciales avec le Canada la veille.
Revenons à jeudi soir. Produite par la province canadienne de l’Ontario, la campagne publicitaire a été diffusée sur plusieurs chaînes de télévision américaine pour un montant d’environ 75 millions de dollars. Elle utilise des citations du discours d’un discours de l’ancien président républicain Ronald Reagan (1981-1989), dans lequel il mettait en garde contre les conséquences de droits de douane élevés sur l’économie américaine.
Très vite, le président américain réagit sur son réseau « Truth Social ». « La Fondation Ronald-Reagan vient d’annoncer que le Canada avait utilisé de manière frauduleuse une publicité, qui est fausse, dans laquelle Ronald Reagan s’exprime négativement sur les droits de douane (…) compte tenu de leur comportement scandaleux, TOUTES LES NÉGOCIATIONS COMMERCIALES AVEC LE CANADA SONT PAR LA PRÉSENTE ROMPUES
« , écrit le président dans un de ses messages rageurs. La Fondation Ronald Reagan a déclaré sur X que la campagne utilisait « de manière sélective des extraits audio et vidéo »
de ce discours, prononcé en avril 1987.
Donald Trump dénonce une ingérence du Canada
Selon Donald Trump, les autorités canadiennes, avec ce spot publicitaire, cherchent à « influencer la décision de la Cour suprême des États-Unis et d’autres tribunaux ».
Ces mêmes tribunaux devant lesquels est contestée la légalité des décrets du président américain ayant déclenché ces hausses douanières.
En effet, le Canada est visé par divers droits de douane américains, mis en place dès les premières semaines de la présidence Trump. Des droits de douane qui pèsent lourdement sur l’économie canadienne : les États-Unis représentent plus de 75% de ses exportations. Pour tous les produits, 35% sont appliqués, officiellement en représailles de l’absence d’effort par Ottawa de limiter les trafics de drogue et d’êtres humains passant par la frontière entre les deux pays, même s’ils représentent un niveau très faible du total dans un cas comme dans l’autre.
En parallèle, d’autres droits de douane par secteur mettent à mal l’économie canadienne, souvent premier fournisseur du marché américain pour plusieurs produits. C’est ainsi le cas de la potasse, essentielle pour les engrais, l’automobile et les camions, l’acier et l’aluminium, le cuivre, le bois de construction ou encore l’ameublement et les aménagements de cuisine. Pour ces secteurs, la surtaxe douanière se situe entre 10% et 50%.
Malgré de nombreuses exceptions, les droits de douane pèsent sur les exportations canadiennes vers les États-Unis, en baisse de 10% depuis les six premiers mois en 2025, par rapport à l’année précédente selon les données de la Banque du Canada.
L’acier et l’aluminium sont principalement touchés, avec une chute de 40% des envois vers le voisin en juillet. Les exportations de voitures et pièces automobiles sont également fortement impactées.
Mark Carney tente de calmer le jeu
Devant une telle incertitude économique, le Canada n’a d’autre choix que de trouver d’autres solutions. Le premier ministre Mark Carney a aussi prévenu les Canadiens que certains changements seraient irrémédiables et qu’il fallait privilégier d’autres marchés, à commencer par l’Union européenne (UE), via l’accord de libre-échange qui lie le pays et le bloc. Une nouvelle approche stratégique qui « prendra du temps et demandera quelques sacrifices »
, a souligné à plusieurs reprises le chef du gouvernement.
Malgré ces autres voies de passage, Mark Carney sait que le Canada dépend encore grandement de son premier partenaire commercial. Dès ce vendredi, le premier ministre continue de calmer le jeu en assurant que le Canada reprendra les négociations dès que les « Américains sont prêts »
, ajoutant que des progrès avaient été réalisés dans les échanges, avant la rupture des négociations.










