mardi, mai 21

Quatre-vingt-quatre millions d’euros investis pour construire un méthaniseur géant. Une ampleur industrielle rarement vue en Haute-Marne. Les porteurs du programme Nature Energy Chamarandes-Choignes (NECC) voyaient grand : leur installation engloutirait chaque année 129 500 tonnes de biomasse agricole, dont 100 000 tonnes de cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cives) et produirait 148 gigawattheures de biogaz, injecté dans le réseau national.

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Et voilà que, surprise, à une semaine de la fin de l’enquête publique, le projet de méthaniseur est annulé. « Nous, les treize agriculteurs porteurs du projet de méthanisation, avons pris la décision de renoncer au projet NECC en raison des trop fortes contraintes capitalistiques », a déclaré vendredi 19 avril dans un communiqué le groupe d’agriculteurs qui était partie prenante.

L’affaire, pourtant, semblait bien engagée. L’emplacement avait été sélectionné : un terrain de 12 hectares situé sur les hauteurs de Chamarandes-Choignes, commune résidentielle d’un millier d’habitants, enchâssée dans la vallée de la Marne. Quant au montage industriel et financier, il s’appuyait sur la filiale française de la société danoise Nature Energy (NE), propriété à 100 % du pétrolier Shell. Cette dernière s’était associé plus de cinquante exploitants agricoles locaux et deux coopératives. Parmi ces « fermiers », des agrobusinessmen de la région ayant investi en 2006 en Ukraine pour créer une mégaferme de 20 000 hectares sur les vestiges d’un ancien kolkhoze.

Climat d’hostilité

Tout cela avait débouché sur la création, début 2020, de NECC, dont le capital devait être détenu à 51 % par les agriculteurs et 49 % par NE. « Devait », car l’impossibilité de rassembler les fonds nécessaires pour être majoritaires au capital de NECC les a fait renoncer. Il est vrai que, entre le lancement du projet et aujourd’hui, les taux d’intérêt ont été multipliés par quatre. Selon NE, c’est cette hausse subite du coût de l’argent qui a rendu quasi impossible la recherche de financements par les agriculteurs.

Mais, au-delà de cette explication financière, le climat d’hostilité au projet qui s’est peu à peu installé a pesé lourd dans la balance. D’abord, les riverains ont été nombreux à découvrir l’existence du dossier du méthaniseur quelques semaines seulement avant l’ouverture de l’enquête publique, le 11 mars, alors que le projet avait été lancé en 2019. Le commissaire enquêteur, lui-même, avait déploré ce manque de communication, et organisé une réunion d’information de rattrapage.

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