mardi, décembre 9
L’ancien bâtiment accueillant l’Usaid, l’agence américaine pour le développement international, après l’annonce de sa dissolution par le président Donald Trump. A Washington, le 3 février 2025.

Dans les années 1960, Valéry Giscard d’Estaing, alors ministre des finances, dénonçait le « privilège exorbitant » des Etats-Unis. Bénéficiant de leur position comme première économie mondiale, attirant les capitaux étrangers avec la seule force du dollar, le pays réussissait à se financer à moindre coût, avec un taux d’intérêt faible.

Un demi-siècle plus tard, ce « privilège » s’est étendu à la zone euro et au Japon, estime le rapport du Laboratoire sur les inégalités mondiales (World Inequality Lab, WIL), qui doit être publié mercredi 10 décembre et auquel Le Monde a eu accès. Par rapport au reste du monde, ces deux régions peuvent se financer sans réelles difficultés, malgré des comptes publics sévèrement dégradés. Mieux encore, le Nord global attire les capitaux du reste du monde, qui viennent y chercher à la fois moins de risques et de meilleurs rendements.

L’un dans l’autre, en comptant l’ensemble des flux financiers, 1 % du produit intérieur brut mondial part ainsi chaque année des pays pauvres pour aller vers les 20 % des pays les plus riches de la planète. « C’est approximativement trois fois plus que l’aide au développement qui va dans la direction opposée », s’insurgent Jayati Ghosh et Joseph Stiglitz dans la préface du rapport. C’est autant d’argent en moins pour le Sud global pour financer la santé, l’éducation ou encore les infrastructures, ce qui maintient les inégalités. Et ce flux de capitaux vers le Nord a plutôt eu tendance à s’accentuer ces dernières décennies.

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