POLITIQUE – La récupération érigée au rang d’art. Alors que le vol commis au sein du musée du Louvre provoque la sidération ce dimanche 19 octobre, une partie de la classe politique s’est empressée de tirer des enseignements généraux de cet événement rarissime, sans même attendre d’en savoir plus sur l’enquête et les conditions du casse de la galerie d’Apollon, où les bijoux de la collection de Napoléon ont été ciblés par les voleurs.
Au-delà de l’émotion suscitée par la potentielle perte de ces joyaux d’une « valeur patrimoniale et historique inestimable », c’est la colère qui s’est immédiatement exprimée à l’extrême droite. « Le Louvre est un symbole mondial de notre culture. Ce braquage, qui a permis aux voleurs de dérober des joyaux de la Couronne de France, est une insupportable humiliation pour notre pays. Jusqu’où ira le délitement de l’Etat ? », s’interroge sur X le président du RN Jordan Bardella.
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Une indignation partagée par le député RN de la Somme Jean-Philippe Tanguy, qui accuse « le système politico-médiatique » de complicité. « Ils sont responsables avec leur idéologie laxiste insupportable. Ce vol est ignoble mais comment les autorités peuvent-elles mentir à ce point sur l’absence de protection des musées français ? », s’enflamme l’élu lepéniste, qui va jusqu’à affirmer que les « musées français, comme nos bâtiments historiques et nos églises, ne sont volontairement pas sécurisés à la hauteur des trésors qu’ils renferment ». Même son de cloche chez le président de l’UDR Eric Ciotti, qui juge que cette affaire est le « symbole ultime » de « l’effondrement » du gouvernement.
La sécurité en question
Déplorant la « blessure à l’âme française » que constitue ce vol, Marine Le Pen juge que « le moment n’est pas à la polémique ». Pour autant, la cheffe de file du RN se permet toutefois de remettre une pièce à la machine. « La responsabilité impose de constater que nos musées et bâtiments historiques ne sont pas sécurisés à la hauteur des menaces qui pèsent sur eux », ajoute celle qui ne faisait pourtant pas mention de la moindre urgence à renforcer la sécurité de ces sites dans le volet « patrimoine » de son programme présidentiel.
Reste que la députée du Pas-de-Calais, qui à l’inverse de Jordan Bardella refuse de disserter sur la dimension symbolique du vol ou de trouver des coupables autres que les auteurs du casse, pose une question qui a également été évoquée par la ministre de la Culture, Rachida Dati et son collègue de l’Intérieur Laurent Nuñez. « On sait très bien qu’il y a une grande vulnérabilité dans les musées français », a reconnu le successeur de Bruno Retailleau, citant un « plan de sécurité » récemment lancé par le ministère de la Culture qui « n’épargnait pas » le musée du Louvre.
« Pendant quarante ans on ne s’est pas intéressés à la sécurisation de ces grands musées », a de son côté expliqué Rachida Dati, soulignant que la direction du Louvre avait récemment sollicité un « audit de sécurité » auprès de la préfecture de police de Paris pour renforcer son dispositif. Dans la perspective de l’élection municipale à Paris, pour laquelle la ministre de la Culture est candidate, la tentation est aussi forte, chez une partie de la gauche parisienne, de se saisir de l’événement pour cibler spécifiquement Rachida Dati.
« Le 16 juin dernier, le musée était fermé plusieurs heures en raison d’une grève des salariés qui alertaient sur le manque de personnel pour assurer la sécurité. Pourquoi leurs alertes n’ont pas été entendues par la ministre ? », s’est interrogé sur le réseau social le sénateur communiste (et candidat à la mairie de Paris) Ian Brossat. « S’agissant de la protection de bijoux, nul doute qu’elle aura pris des dispositions », ironise de son côté l’élue communiste et adjointe à la Maire de Paris Hélène Bidard, dans une allusion à peine voilée à l’affaire des bijoux non déclarés de Rachida Dati. Preuve, s’il en est, que la récupération ne connaît pas de frontières politiques.
« Quand on est attaqués, la première des réponses, c’est d’être unis », et non de « déclencher des polémiques », a regretté l’ancien président et député socialiste François Hollande, interrogé sur BFMTV sur le scandale provoqué par le cambriolage au Louvre. C’« est un acte grave, une attaque contre notre patrimoine », a-t-il ajouté, en relevant qu’il intervenait « après une série de cambriolages dans des musées importants ».
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