- Les femmes se montrent plus inquiètes que les hommes.
- Pour faire face à ce phénomène appelé « worry gap », le lâcher-prise apparaît comme la meilleure solution.
- Voici comment y parvenir lorsqu’on est habituée à tout contrôler à la maison comme au travail.
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Avec Elles
Le lâcher-prise. Cette notion, omniprésente en développement personnel, semble bien abstraite voire inaccessible pour celles qui ont l’habitude de tout maîtriser. Et pourtant, elle apparaît comme l’un des meilleurs remèdes face au « worry gap ».
Ce phénomène, qui ne se limite pas à la charge mentale, est étroitement lié à un « niveau de stress et d’anxiété qui s’évalue grâce à un certain nombre de stresseurs (marqueurs de stress, ndlr) plus importants chez la femme »
, explique la psychanalyste Anaïs Le Brun-Berry, dans Madame Le Figaro
. Mais comment lâche-t-on prise pour échapper au « worry gap » ?
Pourquoi les femmes sont-elles si inquiètes ?
Le terme « worry gap » désigne « l’écart d’inquiétude » entre les hommes et les femmes. Selon une étude publiée en 2022 par le National Center for Social Research au Royaume-Uni, les femmes sont deux fois plus sujettes à une extrême inquiétude que les hommes. Ce constat est corroboré par l’Organisation mondiale de la Santé qui indique que les femmes sont plus soumises aux troubles anxieux que la gent masculine.
Pour Anaïs Le Brun-Berry, cela s’explique par l’éducation et la charge affective dont elles sont affublées dès la naissance : « Aucune femme ne naît en étant plus en capacité qu’un homme de se soucier et de prendre soin des autres. Elles ont juste été élevées ainsi »
. À cela s’ajoute une tendance à anticiper les difficultés, ce qui alimente l’anxiété, selon la spécialiste. Laetitia Vitaud, auteure, conférencière et consultante, partage ce point de vue. « De nombreuses femmes disent être régulièrement dans l’anticipation, au travail ou à la maison »
, relate-t-elle sur RTBF.
Au-delà de l’organisation concrète du quotidien, les femmes sont aussi inquiètes pour une question économique. Une étude publiée en décembre 2023 par le Secours populaire révèle que 46% des femmes ont été au moins concernées par un trouble psychologique au cours des douze derniers mois, principalement en raison de leur situation financière (contre 41% des hommes). Les femmes étaient payées 22,2% de moins que les hommes dans le secteur privé en 2023 en France, rapporte l’Insee.
Pourquoi faut-il lâcher prise ?
Lâcher prise a du bon sur la santé mentale et physique. Anne Hairy, psychologue clinicienne, psychothérapeute et hypnothérapeute, explique dans Le Journal des Femmes
: « Il régule le stress car (…) nous sommes moins en résistance. La fatigue va ainsi diminuer »
. Le lâcher-prise apporte aussi de l’apaisement. Cécile Neuville, psychologue spécialisée en psychologie positive, considère dans Le Dauphiné Libéré
qu’il a un impact positif sur la « sérénité émotionnelle et mentale »
. Pour preuve, « on se sent plus calme, plus en paix, plus efficace et plus confiant »
.
Lâcher prise n’implique pas forcément une forme de passivité. Selon Anne Hairy, l’enjeu consiste surtout à accueillir ce qui nous arrive, ce qui suppose de l’acceptation et de la curiosité. Prendre conscience que l’on ne peut pas tout contrôler, comme la météo ou la réaction des autres, permet d’être moins dans l’anticipation et l’inquiétude.
Relativiser est aussi essentiel, pour se concentrer sur ce qui en vaut vraiment la peine. Lâcher prise peut être une manière d’exprimer ses limites : « Apprendre à dire non lorsque la tâche est trop lourde, par exemple »
, commente la psychologue.
Les pratiques à intégrer dans son quotidien
Il ne suffit pas de le vouloir pour y parvenir. Le lâcher-prise nécessite de mettre en place de bonnes pratiques, à utiliser au quotidien. La méditation fait partie des outils qui permettent de maintenir son attention sur l’instant présent : « Elle aide à être beaucoup plus dans l’observation, à accueillir ses pensées et à se laisser aller »
, estime Anne Hairy.
On peut aussi se tourner vers la sophrologie, qui « permet de combattre le stress, réduire la tension artérielle ou le rythme cardiaque »
, souligne Cécile Neuville. La psychologue invite également à changer de perspective, en se focalisant essentiellement sur les aspects positifs plutôt que négatifs : « plus on développe sa gratitude, sa reconnaissance envers ce qu’on a et ce qu’on vit, plus on est capable de lâcher prise »
.
Pour les femmes qui ont beaucoup de mal à se laisser aller, rien de tel que des thérapies d’acceptation et d’engagement, qui visent à accepter les émotions et les pensées négatives. Pour Anne Hairy, elles permettent « d’accepter ce qu’on ne peut pas changer »
, comme la perte d’un proche dans un accident.