vendredi, novembre 29

Carola Kloeck est professeure de relations internationales et chercheuse au Centre de recherches internationales (CERI). Elle travaille sur les négociations et la finance climatiques, et s’intéresse plus particulièrement à la place des petits Etats dans les instances de discussions comme la COP (Conference of the parties, en anglais).

La COP29, qui s’est tenue à Bakou en Azerbaïdjan, du 11 au 24 novembre, s’est soldée par un bilan décevant pour les pays en développement. Quelle analyse en faites-vous ?

Chaque COP fait l’objet de négociations difficiles mais celle-ci a été particulièrement tendue. Jusqu’au dernier moment, les positions semblaient incompatibles. Finalement, un accord a été trouvé mais il est assez faible, tant sur les objectifs financiers que sur l’atténuation, et reflète l’équilibre des pouvoirs en faveur des pays développés. Ces derniers ont limité l’augmentation du montant de leur aide financière à 300 milliards dollars [284 milliards d’euros] annuels à l’horizon 2035, quand les besoins des pays en développement pour faire face au réchauffement climatique sont évalués à 1 300 milliards de dollars.

L’Inde, Cuba, la Bolivie ou le Nigeria ont contesté l’accord sans pour autant s’y opposer, car il résulte de circonstances particulièrement compliquées. La COP29 a souffert du contexte international et de la montée, dans les pays développés, des partis d’extrême droite, plutôt hostiles à la cause écologique. L’Union européenne [UE] était ouverte à l’idée d’un montant plus élevé, mais pas sans les Etats-Unis qui, avec l’élection de Donald Trump, risquent de sortir de l’accord de Paris et de réduire drastiquement leurs financements pour le climat.

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L’échec des pays développés à élargir le socle des donateurs à la Chine et aux pays pétroliers vous a-t-il surprise ?

Il était juridiquement prévisible. La liste des contributeurs est définie par la Convention-cadre de 1992 qui distingue les pays développés et les pays en développement, non pas sur des critères précis mais en fonction d’une liste. Selon cette convention, la Chine et les pays pétroliers sont toujours considérés comme des pays en développement, ce qui n’est plus exact évidemment. S’il existe des arguments pour affirmer que les pays développés du Nord ont une obligation historique envers les autres, ceux du Sud ont aussi des obligations et ne peuvent se cacher derrière une convention des années 1990.

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