jeudi, juin 27

La liste est longue. Plus de deux cents noms de personnalités du Web français sont apparus, en début de semaine, au bas d’une tribune publiée sur une page du Club de Mediapart, appelant à voter contre le Rassemblement national (RN) et pour le Nouveau Front populaire lors des élections législatives, les 30 juin et 7 juillet. Un texte frontal et univoque précédé par une autre tribune, plus large et publiée cette fois sur le site du Nouvel Obs, ainsi que par de multiples messages postés par les créateurs de contenu depuis deux semaines, de Lena Situations à Arkunir, en passant par Grimkujow, Charlie Danger, Noholita, Natoo ou Squeezie. « C’est la première fois que je vois un mouvement d’une telle ampleur sur Internet », s’enthousiasme auprès du Monde Marine Périn, de la chaîne YouTube Marinette, qui fait partie des signataires de la tribune du Club de Mediapart.

Certes, on avait déjà pu voir des vidéastes prendre position, par exemple contre l’offensive israélienne à Rafah ou lors des manifestations contre la réforme des retraites. Et l’on peut remonter plus loin encore dans le temps, rappelle Stéphanie Lukasik, experte élue au Conseil de l’Europe sur la responsabilisation des créateurs de contenu et maîtresse de conférences à l’université d’Aix-Marseille : « EnjoyPhoenix n’avait par exemple pas hésité à inciter au vote lors de l’élection présidentielle de 2017, sans donner une consigne mais en essayant de mobiliser les jeunes. »

Un nouveau cap semble toutefois franchi : des influenceurs habituellement peu enclins à s’exprimer publiquement sur des sujets d’actualité, comme Paola Locatelli, Mister V ou Ava Mind, ont cette fois décidé de sortir du silence.

La faute au tempo imposé par la décision d’Emmanuel Macron, selon toutes ces personnalités. « On est face à une problématique de péril, estime ainsi Valentin, cofondateur de la chaîne YouTube Stupid Economics et lui aussi signataire de la tribune du Club de Mediapart. On nous retire le temps du débat, le temps de la capacité de vraiment lutter contre le RN sur leurs idées, donc, le seul moyen, c’est celui du vote. »

Mais surtout, les influenceurs ont conscience du pouvoir de persuasion dont ils disposent auprès d’un public jeune et majoritairement abstentionniste (60 % des inscrits âgés de 18 à 24 ans n’ont pas voté lors des européennes). « L’engagement a toujours été là, mais la caisse de résonance a changé : les influenceurs sont beaucoup plus écoutés qu’avant », estime Rubben Chiche, cofondateur et patron de Follow Agency, une agence de marketing spécialisée dans l’influence.

Il vous reste 76.65% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version