mercredi, mai 1

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Chers élèves de terminale,

Nous avons choisi de faire ce métier pour vous offrir une formation de qualité en sciences économiques et sociales. Nous sommes profondément attachés à cette discipline qui, depuis plus de cinquante ans, forme des élèves à la compréhension de la société et à l’esprit critique, pour leur permettre de devenir des citoyens et des citoyennes éclairés. Notre engagement dans ce métier repose sur notre attachement à la transmission de ces savoirs émancipateurs, mais aussi sur celui à la réduction des inégalités de réussite scolaire.

Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « La réforme du bac, loin d’alléger la charge mentale des élèves et de mettre fin au bachotage, se traduit par plus de stress pour les professeurs comme pour les élèves »

Fin septembre [2023], notre ministère nous a imposé de vous préparer, en même temps qu’au grand oral, à une épreuve écrite de baccalauréat sur douze chapitres, soit un quasi-doublement du programme par rapport à l’année dernière. Depuis lors, nous sommes dans une situation intenable, qui vous impose des cadences infernales, et rend impossible l’appropriation réelle des savoirs et des compétences. Nous constatons le stress ressenti par nombre d’entre vous. Nous devons renoncer, au quotidien, à répondre à votre curiosité, à proposer en classe des exercices d’entraînement, de remédiation, mais aussi à mener des activités pédagogiques intéressantes et formatrices (travail en groupe, sorties, débats, exposés, etc.). Comme nous l’a dit l’un de vos camarades, quelque part en France, cette année, « on n’a même pas le temps de ne pas comprendre ».

Nous savons que ces rythmes d’apprentissage brutalisent tout particulièrement les élèves les plus en difficulté, qui ont besoin de plus de temps pour s’approprier les savoirs scolaires. Celles et ceux qui n’ont que l’école pour apprendre. Nous les savons pourtant capables d’y arriver si le temps nécessaire leur en est laissé.

Le sentiment d’atteindre nos limites

Malheureusement, nous savons d’ores et déjà que beaucoup de collègues ne pourront pas terminer convenablement ces douze chapitres, devront distribuer des polycopiés et renvoyer certains chapitres à la maison, par exemple. La plupart d’entre nous devront aussi renoncer à la préparation du grand oral en classe et vous laisser « en autonomie », c’est-à-dire seuls face à cette épreuve. Dans tous les cas, nous aurons été empêchés de vous accompagner autant que nous l’aurions souhaité dans vos apprentissages pour le baccalauréat, mais aussi dans la réussite de vos études supérieures.

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