vendredi, décembre 27

Sous le couvert de « tirer les élèves vers l’excellence », le « choc des savoirs » acte II constitue une contre-réforme qui porte atteinte au collège unique tout en accentuant la sélection à l’entrée du lycée. En effet, la ministre de l’éducation, Anne Genetet, a annoncé qu’à partir de la session 2027 le diplôme national du brevet sera obligatoire pour entrer au lycée. Les élèves ayant échoué ne pourront accéder à une orientation en 2de et seront orientés uniquement en CAP [certificat d’aptitude professionnelle] ou dans une « prépa-2de ».

De plus, les modalités d’examen seront modifiées. L’examen ne sera plus fondé sur une évaluation qualitative des compétences, mais sur l’ensemble des notes obtenues en 3e. Surtout, le poids accordé au contrôle continu sera réduit pour donner la part belle au contrôle terminal (60 %, contre 50 % aujourd’hui).

Cette réforme diminue donc la part accordée à l’évaluation des compétences transversales (autonomie, travail de groupe, expression orale…) et à des savoirs qui sont déjà relégués aux marges du collège (pratiques artistiques et sportives, activités manuelles…) au profit des savoirs académiques et de la traditionnelle notation des élèves.

Un recentrage sur la note

Or une abondante littérature montre que les pratiques de notation ordinaires, associées à une accentuation sur les savoirs académiques, majorent les difficultés des élèves des classes populaires. Outre les conditions et moyens alloués à leur scolarisation, cette modalité d’évaluation exerce des effets négatifs sur les inégalités sociales de réussite.

Si, aujourd’hui, plus de 120 000 élèves (soit 15 %) ne valident pas le brevet, il est fort probable que ces mesures entraîneront une augmentation du nombre d’élèves recalés qui ne pourront pas de ce fait accéder à une 2de générale, technologique ou professionnelle.

Depuis dix ans, l’Organisation de coopération et de développement économiques rapporte que la « chute historique » des résultats globaux de la France s’explique essentiellement par un écart croissant entre les meilleurs élèves et les élèves en difficulté. Il ne fait donc aucun doute que cette réforme crée des conditions de scolarisation plus accessibles aux élèves des classes favorisées et ne fera qu’aggraver les inégalités.

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Le recentrage du brevet sur la note institue un double verrouillage : il introduit un nouveau sas de sélection à l’entrée du lycée et il soumet la décision du conseil de classe et le projet des élèves et de leur famille au couperet de l’examen, les privant de toute emprise sur leur devenir.

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