dimanche, septembre 22

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La France fait partie des pays de l’OCDE qui ont le plus d’élèves par classe – un tiers des écoles primaires ont plus de 25 élèves par classe, la moyenne des collèges étant à 25/26 élèves et celle des lycées à 29/30 élèves. Dans ce contexte, le récent rapport des inspections générales commandé par Matignon en 2023, publié à l’aube de la préparation du budget 2025, sonne comme une véritable provocation. Mais surtout, il s’engouffre dans la politique éducative ultralibérale mise en place depuis 2017, politique qui démantèle chaque année un peu plus notre école publique.

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Profitant de la baisse de la démographie scolaire pour justifier une réduction des moyens d’enseignement, les auteurs de ce rapport apportent de l’eau au moulin des discours gouvernementaux qui ne cessent d’alerter sur la nécessité de « réduire les déficits publics ».

Logique de la calculette

Sous le motif fallacieux d’une « meilleure adéquation du nombre de classes au nombre d’élèves au sein de chaque école et de chaque établissement », cette logique comptable ultralibérale, à l’opposé d’une école publique de qualité pour tous, partout sur le territoire, affiche clairement un objectif d’« optimisation », que les auteurs du rapport déclinent selon trois axes.

  • Une chasse aux effectifs « trop réduits » par rapport à la moyenne nationale qui se traduirait par la fermeture de 600 classes en primaire, entre 1 000 et 1 450 classes au collège et par la suppression de 1 380 à 1 820 équivalents temps plein (ETP) en lycées, qui conduirait à « une réduction de l’offre d’options ou d’enseignements de spécialité et à une réduction des dédoublements de classe ».
  • Un relèvement des seuils des dédoublements de classes en éducation prioritaire REP et REP + allant de 13 jusqu’à 17 élèves par classe – actuellement à 12 élèves –, mesure qui permettrait de fermer de 117 à 2 359 classes.
  • Une révision du maillage territorial pudiquement définie et justifiée comme « une meilleure adéquation territoriale du nombre d’écoles et d’établissements au nombre d’élèves… en prenant en compte le temps de trajet d’un élève à son établissement », scénario qui permettrait la fermeture de 1 925 écoles – soit 4 % des écoles – et la suppression de 4 927 ETP en primaire et 800 en collèges, soit la fermeture de 33 établissements.

Cette logique de la calculette, déshumanisée et totalement déconnectée de la réalité quotidienne des établissements scolaires, s’inscrit dans une orientation à rebours d’une école publique de qualité pour tous, partout sur le territoire de la République.

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