ROYAUME-UNI – Au Royaume-Uni, beaucoup de personnes trans ou issues de la communauté LGBT+ espéraient un soutien du gouvernement de Keir Starmer après la décision de la Cour suprême remettant en cause leurs droits. Au lieu de cela, le Parti travailliste « pousse les personnes trans sous le bus », a dénoncé ce vendredi 9 mai Dylan Tippetts, élu au conseil municipal de Plymouth.
Dans un message publié sur X, l’un des rares élus travaillistes trans a annoncé son départ du Labour. « Je ne peux pas continuer à représenter un parti qui ne défend pas mes droits fondamentaux. En tant que personne trans, je ne peux pas continuer à soutenir le Parti travailliste. »
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Sans parler explicitement de transphobie, l’élu de 24 ans considère que « le Parti travailliste a, à l’échelle nationale, laissé tomber les personnes transgenres et nous a fait reculer de plusieurs décennies. Chacun mérite le droit de vivre en paix, et le Parti travailliste continue de priver les personnes transgenres de ce droit fondamental. »
Des conséquences personnelles
Contacté par le média proche du Parti travailliste Labour List, Dylan Tippetts a révélé avoir été personnellement affecté par la décision : après avoir consulté les services juridiques de la ville de Plymouth, il lui a été conseillé de ne plus utiliser les toilettes pour hommes dans les bâtiments municipaux. « Au cours des trois dernières années au sein du conseil, j’ai utilisé les toilettes pour hommes sans aucun problème. Aucun conseiller, quel que soit son parti, n’a jamais remis en question la raison de ma présence. »
La Cour suprême du Royaume-Uni a statué le mois dernier que les termes « femme » et « sexe » dans la loi sur l’égalité de 2010 se référaient uniquement à « une femme biologique » et au « sexe biologique », conduisant à une interdiction générale pour les personnes trans d’utiliser les toilettes et d’autres services du genre auquel elles s’identifient. Le Premier ministre Keir Starmer a « salué » ce jugement, qui « apporte une réelle clarté ».
Cette réaction a provoqué une onde de choc au sein des communautés LGBT+ britanniques, 14 associations ayant demandé au Premier ministre d’organiser une réunion urgente afin de discuter de ce qu’elles décrivaient comme « une véritable crise pour les droits, la dignité et l’inclusion des personnes trans au Royaume-Uni ».
Dérive à l’américaine
Dylan Tippets souligne auprès de Labour List que la décision a aussi déjà eu un impact pour d’autres personnes LGBT+ au sein du Royaume-Uni : « Des lesbiennes d’apparence masculine âgées de 50 et 60 ans, qui n’avaient jamais été interpellées auparavant dans les toilettes pour femmes, sont maintenant interpellées, on leur demande pourquoi elles sont là. »
Il craint surtout une dérive proche de celle de l’administration Trump aux États-Unis, qui remet en cause les droits des personnes trans. « C’est une perspective absolument terrifiante, car elle met tout le monde en danger. On a vu aux États-Unis qu’ils ont commencé par s’en prendre aux personnes trans, puis aux droits des femmes, et je ne veux pas que nous empruntions cette voie. »
À titre personnel, Dylan Tippets siégera désormais « au conseil municipal de Plymouth en tant que conseiller indépendant ». « Pour être tout à faire transparent, je ne me représenterai pas l’année prochaine », conclut l’élu.
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