« C’est un métier de patience » : quand un détective privé file une salariée suspectée de faux arrêt maladie

• Pour traquer les fraudes aux arrêts maladie, des entreprises ainsi que des collectivités n’hésitent plus à faire appel à des détectives privés.
• Près de Montpellier (Hérault), nous avons pu suivre l’un d’entre eux, en pleine enquête et à la recherche de preuves.

Depuis sa voiture, rien ne lui échappe. Jérémy Fontanille est détective privé depuis 15 ans. Ce jour-là, à la demande d’un chef d’entreprise, il surveille une salariée officiellement en arrêt maladie. « C’est un métier de patience, puisqu’on passe la majeure partie du temps justement à attendre pendant les quelques heures où il va se passer quelque chose », nous explique le détective privé. 

La jeune femme surveillée est suspectée d’exercer une autre activité alors qu’elle est en arrêt de travail. Elle quitte son domicile, la mission commence. « Le tout, c’est de ne pas la perdre dès le début. C’est être en permanence en train de se réadapter à une situation qui change », confie-t-il. À bonne distance, il suit la voiture, caméra en marche. Il poursuit la filature à pied avec un but bien précis. 

« L’objectif, c’est de filmer ses phases de travail ». Muni de son caméscope, Jérémy capture les faits et gestes de la femme en pleine prospection immobilière. « Je l’ai vue plusieurs fois à la fin de l’échange remettre une carte de visite ou un prospectus. L’arrêt maladie qu’elle a actuellement n’est pas réel. Il est utilisé dans le but de travailler donc c’est un arrêt maladie frauduleux », assure Jérémy Fontanille. Pour en attester, il doit rassembler un certain nombre de preuves. Et pour cela, il ne doit pas perdre de vue sa cible, quitte à courir pour ne louper aucun détail. 

Jérémy a terminé son enquête, il a désormais assez d’éléments en sa possession. « L’idée, c’est d’avoir la récurrence dans ce genre d’affaires. À plusieurs reprises, il va y avoir les mêmes actions qui se répètent sur deux semaines différentes par exemple », analyse-t-il.

Quel encadrement ?

Aujourd’hui, pour devenir détective privé, un diplôme est obligatoire ainsi qu’un agrément. « On est là pour essayer d’apporter les éléments nécessaires à une affaire dans un contexte bien précis. Le but, c’est de ne pas enfreindre des règles d’atteinte à la vie privée, c’est-à-dire de trop vouloir en faire alors que c’est inutile », explique-t-il Jérémy. 

Une fois le dossier d’enquête complet, le détective privé transmet les résultats à ses clients qui peuvent, s’ils le souhaitent, engager une procédure judiciaire. Ces dernières années, les entreprises font de plus en plus appel à ses services, notamment pour des arrêts maladie frauduleux. « On travaille souvent pour des petites et moyennes entreprises, ce qui fait qu’une personne manquante, ça peut vite devenir un problème pour elles. L’entreprise a besoin de ce salarié. Tant qu’il est en arrêt, ce poste ne peut pas être remplacé ». 

Recruter un enquêteur privé a un coût. Il faut compter au minimum 2.000 euros pour quelques jours. Mais cela peut être bien plus, car une affaire nécessite parfois plusieurs semaines, voire des mois d’enquête.