dimanche, octobre 13

Depuis le début de l’année, 46.900 entreprises ont mis la clef sous la porte en France.
Les défaillances d’entreprises pourraient atteindre un record en 2024.
Entreprises familiales de longue date, start-up… Aucune structure n’est épargnée.

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LE WE 20H

Marc Villepontoux a donné rendez-vous à TF1 devant la dernière maison que cet entrepreneur a construite, il y a plus de cinq mois. Depuis, il n’a plus aucun chantier en cours. « C’est du jamais-vu. On a parfois connu des périodes difficiles, mais jamais cinq ou six mois » de suite sans nouvelle construction, explique ce dirigeant de MV Constructions dans la vidéo en tête de cet article.

Hausse des prix des matériaux de construction, taux de crédit qui augmentent… Sans nouveau projet, les dettes s’accumulent et les comptes de son entreprise virent au rouge. Face à cette situation, Marc Villepontoux été contraint de faire un choix difficile mais indispensable selon lui : le licenciement de salariés. « Nous avons dû licencier quatre personnes et cette année nous avons des employés sous contrat que nous n’avons pas renouvelé », raconte-t-il. L’effectif de sa boîte est passé de 22 à 14 salariés. « Sans ces licenciements, nous serions en forte difficulté et il serait impossible de conserver notre production car l’activité de la villa neuve a chuté de 70 % », estime cet entrepreneur.

« Un puits sans fin »

Si Marc Villepontoux peut encore se battre, c’est en revanche trop pour d’autres dirigeants. C’est le cas d’un ancien patron d’une société de rénovation de bâtiment dont l’entreprise vient d’être liquidée après deux années de difficultés financières. Préférant témoigner de façon anonyme, il raconte la « spirale » avec la « perte de confiance » de ses fournisseurs, de ses clients et de ses banquiers. « C’était un puits sans fin », se souvient-il. Cet échec est encore aujourd’hui très difficile à digérer. « C’est toute une vie qui s’effondre. Quand on est dirigeant d’entreprise, on la porte à bout de bras et ce n’est pas comme ça que l’on voit sa fin », explique-t-il. 

Comme Marc, des dizaines de dirigeants d’entreprises passent chaque jour la porte d’un tribunal de commerce. A celui de Perpignan (Pyrénées-Orientales), où s’est rendu TF1, les audiences pour redressement ou pour liquidation judiciaire s’enchaînent à un rythme toujours plus rapide. Les entreprises de construction , les restaurants ou encore les salons de coiffure sont particulièrement touchés, notamment en raison de l’inflation. « Par rapport à l’année de référence 2019, les défaillances d’entreprises sont en hausse de 37% ; par rapport à 2023, on enregistre 18% de défaillances supplémentaires », détaille Germain Moreno, président du tribunal de commerce de Perpignan. Celles-ci concernent aussi bien « des entreprises familiales de longue date que des start-up », précise-t-il.

Les défaillances d’entreprises pourraient même atteindre un record en 2024, atteignant plus de 65.000. La faillite d’une entreprise entraîne en effet souvent la défaillance d’autres sociétés. Cet effet domino touche également un secteur qui recrutait pourtant à tour de bras il y a encore un an : le transport routier. Christophe Charbon a failli en faire les frais : « On se dirigeait vers le dépôt de bilan, je n’avais plus de boulot, ni mes salariés », raconte le dirigeant de ICW Transports et logistique. La vente du siège de sa boîte lui a permis de régler ses dettes et de restructurer son entreprise. Christophe Charbon espère que ce bol d’air lui permettra d’assurer la survie de son entreprise le plus longtemps possible.


JC | Reportage TF1 : Charles Diwo, Gilles Parrot

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