jeudi, janvier 2

Dans le Doubs, un plan de chasse prévoit d’abattre plusieurs centaines de chamois jusqu’à la fin janvier.
À ce jour, 200 ont déjà été abattus pour réguler l’espèce, parce qu’elle menacerait certaines forêts et terres agricoles.
Les associations de protection des animaux dénoncent un véritable massacre.

Suivez la couverture complète

Le 13H

C’est l’une des espèces emblématiques du Doubs. Mais en fin d’année, le chamois n’y est plus en odeur de sainteté. Un arrêté préfectoral autorise, comme l’an passé, le « prélèvement » de 259 à 594 caprins sauvages, jeunes ou vieux, mâles ou femelles, d’ici à la fin janvier. Dit autrement : les chasseurs ont le droit de les abattre, 514 chamois ayant été ainsi « prélevés » en 2023, et 200 ces dernières semaines. Une mesure prise par la fédération départementale, sur la base d’une proposition de la commission de la chasse et de la faune sauvage où siège, entre autres, l’Office français de la biodiversité.

« Le chamois vient croquer avec sa gueule pour pouvoir manger le bourgeon, montre Jean-Maurice Boillon, président de la fédération des chasseurs du Doubs, à la caméra de TF1 dans le reportage du JT de 13H visible en tête de cet article. Du coup, l’arbre est mort et ne pourra plus rapporter de bois au niveau de la forêt. » Selon les éleveurs, l’animal dévaste, en outre, les pâtures et mange l’herbe des bovins. Alors il s’agit, pour les autorités, de préserver l’équilibre entre les activités agricoles, la préservation des jeunes pousses de résineux en forêt et le maintien de l’espèce.

« La présence des chamois a doublé depuis 1987 dans le massif du Jura, pointe Aurélia Barteau, cheffe du service eau, risques, nature et forêt de la Direction départementale des territoires (DDT) du Doubs. C’est une espèce qui s’est développée. Mais il faut qu’on tienne compte des dégâts que ça peut occasionner. » D’après elle, la population de chamois augmenterait de 10 à 15% chaque année. Ce que contestent les associations de défense des animaux, qui affirment que leur nombre a même légèrement baissé, pour atteindre 1.140 individus dans le Doubs (contre 2.000 selon les chasseurs).

« Notre territoire à nous, c’est leur territoire à eux aussi. Pourquoi réguler une espèce qui n’est déjà pas en surpopulation et qui ensuite décroît d’elle-même ? On sera bien contents de dire à nos petits-enfants que ça existait mais que maintenant, ils ne verront jamais plus de chamois », grince Corinne Legras, porte-parole d’Humanimo, à l’initiative d’une pétition ayant recueilli plus de 50.000 signatures, qu’une délégation d’associations a remise au préfet du Doubs le 14 décembre, après avoir déposé un recours pour exiger la suspension immédiate du plan de chasse. Un recours qui n’a que très peu de chances d’être examiné par le tribunal administratif avant la fin de l’arrêté… Ce qui laisse penser que tout recommencera en 2025.


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Laura ADDA, Faustine MAGNETTO, Solène ROBIN

Partager
Exit mobile version