vendredi, septembre 20

En France, 500 communes sont directement menacées par l’érosion et la montée des eaux.
À Quiberville-sur-Mer, en Seine-Maritime, un camping est en train d’être déplacé et des habitants perdent leur maison.
Regardez ce reportage édifiant de TF1.

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Érosion du littoral : des milliers de logements menacés

Sa maison de Quiberville-sur-Mer est certainement l’une de celles qui a la vue la plus imprenable sur l’océan. Mais Brigitte Bodin a bien compris qu’elle ne pourra plus la garder très longtemps. La falaise s’effrite et 70 mètres de vide affleurent désormais au bout de son jardin. « Ça peut aller très vite. Sur Dieppe, il y a eu dix à quinze mètres d’un coup », affirme-t-elle, dépitée, dans le reportage du JT de TF1 à retrouver ci-dessus. Elle-même a perdu cinq mètres de jardin en quelques années. 

Il y a 17 ans, elle a acheté cette maison en toute connaissance de cause. « C’est inéluctable. Pour l’instant, l’instant présent est charmant. Je n’ai pas trouvé d’autre paradis », ironise-t-elle. Ses voisins, eux, sont partis il y a quatre ans. Leur maison a été rasée. Elle allait s’effondrer avec la falaise, la mairie a donc tout racheté avec une décote. Et le couple a eu très peu de temps pour partir, alors qu’il vivait là depuis seize ans. « Une quinzaine ou vingtaine de jours. Ça valait le coup, même pour seize ans », avance toutefois Marie Vallet. Leur ancienne voisine, Brigitte, est désormais la dernière à vivre toute l’année, en première ligne sur la falaise.

TF1

La mer va rentrer régulièrement et va redonner la place à la biodiversité sur 50 hectares.

Jean-François Bloc, maire de Quiberville-sur-Mer

L’autre péril dans cette commune littorale, c’est la montée des eaux. La mairie a fini par renoncer à lutter. Résultat, la démolition du camping en front de mer a commencé. « On avait 202 places et beaucoup de gens qui étaient des habitués », témoigne le maire Jean-François Bloc. Dans quelques mois, à la place des anciennes toiles de tente, la mer rentrera régulièrement dans les terres. Du coup, ce point de passage entre la rivière et la mer va être élargi de dix mètres de largepour que la rivière s’écoule plus facilement dans la mer, y compris en période de crue. 

C’est une nécessité, comme le souligne l’édile : « On va régler le problème des inondations terrestres, mais a contrario, la mer va rentrer régulièrement et va redonner la place à la biodiversité sur 50 hectares. Ça veut dire que l’eau va être salée, et donc vous aurez la faune et la flore qui seront complètement différentes », dit-il. Et la mer retrouvera la place qu’elle occupait jadis avant la construction de la digue. Par ailleurs, un nouveau camping sur pilotis a été construit en retrait du littoral. « Quand on voit la destruction de l’ancien camping, on peut avoir quelques regrets, mais quand on voit l’outil qu’on a construit, on est assez fier et on se dit qu’on a travaillé pour l’avenir », ajoute Jean-François Bloc.

À quelques kilomètres de là, l’érosion menace aussi l’église de Varengeville, installée sur la falaise. Par endroits, la mer n’est plus qu’à 100 mètres du cimetière. Alors, un mur de béton a été coulé dans la falaise de craie. « Le mur est en dessous et il va jusqu’à la roche mère. Si on n’avait pas fait un mur, l’instabilité de la falaise serait déjà arrivée au bout de la sacristie, donc on aurait perdu déjà cette partie-là », explique Alison Dufour, de l’Association des Amis de l’église. Mais le mur ne suffira pas et des tombes anciennes ont déjà été déplacées. On évoque même un projet pour déplacer l’édifice sur des vérins. « Techniquement, c’est possible. Mais, est-ce qu’on doit le sauver ? Déjà, il faudrait avoir la permission d’enlever les tombes qui sont autour de l’église », s’interroge-t-elle. Sans compter le coût que représenterait un tel chantier. En Seine-Maritime, des dizaines de kilomètres de côtes connaissent les mêmes difficultés. 


V. F Reportage TF1 : Gwenaëlle Bellec et Antoine Pocry

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