lundi, octobre 21

Ce serait « Voyage au foot de l’ennui ». Les audiences de l’équipe de France de football passent sous la barre des 4 millions de téléspectateurs (France-Israël, le 10 octobre), nul ne sait ce que sont celles de la Ligue 1, hormis qu’elles sont faméliques chez son nouveau diffuseur, DAZN, et même celles de la Ligue des champions s’érodent.

Les signes de lassitude se multiplient. Le jeu lui-même sombrerait dans la platitude, thèse qui mérite d’être examinée. Sous l’effet de la mondialisation et d’une extrême rationalisation tactique, les styles qui identifiaient un pays ou un club se sont certes uniformisés.

Et alors que jamais le niveau technique et physique des joueurs n’a été aussi élevé, leur expression apparaît mécanisée et stéréotypée – peut-être sous le coup d’un impératif de résultat toujours plus impérieux, et qui ne tolère plus l’erreur.

Cela s’entend, mais ce sentiment difficilement objectivable occulte des causes plus structurelles.

De la profusion à la saturation

Pour commencer, alors que de nombreux footballeurs s’alarment de l’épuisement physique et mental auquel les conduisent des calendriers surchargés, on ne devrait pas s’étonner que le spectacle s’étiole. Le décevant Euro 2024 a confirmé la dévaluation du football des nations, mais toutes les compétitions sont affectées.

Aussi, croire qu’il ne s’agirait que d’un problème de philosophie de jeu revient à ignorer tout ce qui a abîmé le football. Déjà, soyons honnêtes : ce sport, dans lequel le score peut rester vierge, qui a toujours infligé des « purges » et n’offre aux supporteurs que de rares moments de grâce payés de mille peines, n’a jamais garanti l’agrément.

C’est justement en voulant le rendre toujours plus spectaculaire ou divertissant qu’on l’a précipité vers l’ennui, notamment en créant ou hypertrophiant des compétitions à même de multiplier les « affiches ».

L’UEFA a lancé la Ligue des nations pour la substituer aux matchs amicaux, et réformé sa Ligue des champions avec une formule illisible, qui ajoute 64 rencontres. La FIFA fait passer la Coupe du monde des nations de 32 à 48 équipes, sa Coupe du monde des clubs, de 7 à 32 participants dès juin 2025… sans obtenir les montants de droits de diffusion espérés.

D’un régime de rareté, naguère, le football est passé à un régime de profusion, paradoxal puisque dans le même temps l’accès aux compétitions diffusées est devenu de plus en plus payant et dispersé sur de multiples canaux. Le système est lucratif, jusqu’à présent, mais invisibiliser un sport n’assure pas son avenir.

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