Brûlée au troisième degré à cause d’un radiateur défectueux, Marie Sissoko voit sa vie basculer alors qu’elle n’est encore qu’un bébé. Âgée d’à peine 11 mois, elle doit subir une multitude d’opérations pour que les organes de son visage puissent refonctionner correctement. Autrement dit, pour qu’elle puisse manger, parler, entendre et respirer. “Cet accident a eu des conséquences catastrophiques”, confie-t-elle tout en expliquant avoir gardé “de grosses séquelles” aux cuisses, au visage et sur le reste du corps à cause des cicatrices de greffes.
“Sans le vivre, c’est très compliqué d’imaginer qu’un radiateur trop chaud peut faire autant de séquelles”. Un accident qui aurait bien pu être évité. En effet, comme elle le rappelle, il avait été signalé trois fois au gardien du bâtiment qui lui, avait noté ce dysfonctionnement. Mais pour une raison encore inconnue, cette défaillance n’avait pas été prise en compte par le syndic du bâtiment.
Épaulée par sa mère dans ce coup dur de la vie, la jeune fille doit faire face au regard des autres à son arrivée en France, un regard de méfiance qui ne l’aide pas à se sentir en confiance. “Les enfants, au premier abord, n’étaient pas trop open mind. C’était très dur à supporter quand j’étais petite”, explique-t-elle, rappelant être, à ce moment-là, en plein processus de soins. Une situation compliquée pour elle mais aussi pour sa mère. “Elle a dû être très forte parce qu’on lui faisait beaucoup de commentaires. Les gens étaient très indiscrets”. Pour en finir avec cette situation, la mère de famille arrête même de prendre les transports en commun et finit par se payer une voiture. “Le but, ce n’était pas d’absorber les commentaires de tout le monde et de n’importe qui, surtout les gens qui ne s’y connaissaient pas”.
“Je n’ai jamais été cachée”
Grâce au soutien de sa famille, Marie parvient à vivre avec sa différence. Pour autant, la jeune fille a le sentiment de devoir toujours “faire plus” pour se sentir acceptée. “Il y avait pas mal d’appréhensions. J’ai toujours dû faire mes preuves et avoir de la patience pour permettre aux gens de savoir qui je suis”. Un effort quotidien qu’elle accepte de faire grâce à sa grande force mentale, une force qu’elle puise dans son proche entourage. “J’avais cette particularité de passer au-dessus parce que j’avais absolument conscience de ce qui m’était arrivé. Ça n’a jamais été un secret, ça n’a jamais été tabou”, confie-t-elle tout en se disant reconnaissante envers sa mère. “Je n’ai jamais été cachée, au contraire et ça m’a beaucoup, beaucoup aidée. Ma mère n’a jamais tenté de me faire penser que j’étais une personne moindre ou que j’étais différente des autres. J’avais juste à en prendre conscience”.
Un exercice qu’elle réussit avec brio, à tel point qu’elle parvient à en oublier sa brûlure. “Lorsque j’étais petite, je m’identifiais à des belles femmes comme ma sœur ou des stars. Dans mon inconscient, je ne ressemblais pas à ce que je ressemblais. Et c’est lorsque j’allais devant un miroir que je m’en rendais compte”. Finalement, c’est à l’adolescence qu’elle s’identifie vraiment à ce qu’elle est. Une période de construction et d’identification durant laquelle elle explique avoir fait face au jugement extérieur. “On y est très exposé”, rappelle-t-elle, expliquant s’être cherchée et s’être un peu rebellée.
Puis, au début de l’âge adulte, Marie commence à s’identifier en tant que femme. Elle cherche son équilibre dans la féminité mais se retrouve confrontée à plusieurs obstacles en raison de son manque de confiance. “Intérieurement, je me posais beaucoup de questions”, confie-t-elle, expliquant avoir enfin tourné cette page. Aujourd’hui, Marie s’aime et explique aller beaucoup mieux malgré des histoires de cœur compliquées. “Ça n’a pas toujours été facile. Pour moi, ma valeur dépendait de ce que je valais à l’extérieur donc j’ai fait beaucoup d’erreurs dans mon parcours amoureux”, admet-elle en confiant avoir pensé qu’elle ne méritait pas plus que ce “qui venait” à elle. Mais désormais, la jeune femme a un tout autre discours. “J’ai enfin envie de vivre un amour. J’ai la patience de m’abstenir jusqu’à ce que je trouve la personne qui est faite pour moi”.