Alors que Michel Barnier doit faire sa déclaration de politique générale ce mardi 1er octobre, le Premier ministre se prépare aussi à faire face à sa première motion de censure. La gauche a déjà annoncé son intention de déposer rapidement une motion de censure contre le gouvernement Barnier.
Mais, avec 193 députés, elle ne dispose pas de la majorité absolue qui permet de renverser un gouvernement. Ce mardi sur BFMTV, le coordinateur national de La France insoumise, Manuel Bompard, a donc appelé les macronistes « en désaccord » avec les déclarations du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, sur l’État de droit, à voter la motion de censure.
Plusieurs élus issus du camp présidentiel se sont élevés contre les propos de Bruno Retailleau, qui a affirmé que l’État de droit n’est « pas intangible ni sacré ». La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, ou l’ex-Première ministre Elisabeth Borne, ont notamment critiqué cette prise de position.
Vingt-sept députés du groupe Ensemble pour la République (ex-Renaissance) ont aussi fait monter la pression dimanche, se disant opposés à toute augmentation des impôts. Des épisodes qui illustrent les tensions au sein du gouvernement de Michel Barnier où les macronistes cohabitent avec la droite. De là à voter une motion de censure? Pour l’instant, cette possibilité n’a été évoquée que par deux députés issus du camp présidentiel.
Sacha Houlié indigné des propos de Retailleau
Sacha Houlié, député de la Vienne et ex-figure de l’aile gauche de la majorité, qui siège désormais parmi les députés non inscrits, s’est dit « consterné par la gravité et l’accumulation des déclarations scandaleuses du nouveau ministre de l’Interieur ».
Alors que Michel Barnier n’avait pas encore réagi aux propos de Bruno Retailleau, Sacha Houlié a affirmé lundi que, « sans autre forme de réaction de l’exécutif, cette politique justifie à elle seule la censure du gouvernement ».
Mais mardi, lors du Conseil des ministres, Michel Barnier a rappelé « son attachement intangible à l’État de droit », dont le non-respect est une « ligne rouge » pour le Premier ministre, a rapporté la porte-parole du gouvernement, Maud Brégeon. Reste à voir si cette réponse sera suffisante pour Sacha Houlié.
Stella Dupont « craint » d’être « contrainte à une censure »
Une autre députée, qui, elle, est apparentée au groupe macroniste Ensemble pour la République à l’Assemblée nationale, a menacé de voter en faveur d’une motion de censure. Il s’agit de la députée du Maine-et-Loire Stella Dupont.
Auprès de Libération le 23 septembre, elle a estimé qu' »on ne peut donc pas être dans le blocage du pays et faire tomber les gouvernements les uns après les autres ». L’élue « ne souhaite pas censurer a priori car il faut un budget et ne pas être dans une impasse ». « Pour autant, je suis très inquiète et je crains, au vu de la composition et de la ligne de ce gouvernement, d’être contrainte à une censure », a ajouté l’ex-socialiste.
Près d’un mois après sa nomination, enfin doté d’un gouvernement, le Premier ministre prononcera sa déclaration de politique générale à 15 heures devant l’Assemblée nationale. Mais il ne sollicitera pas de vote de confiance des députés, à l’instar de ses prédécesseurs Élisabeth Borne et Gabriel Attal, privés comme lui de majorité absolue.
Michel Barnier subit surtout la pression de l’extrême droite qui l’a mis « sous surveillance » et peut le faire tomber à tout moment en votant une motion de censure de la gauche.
Article original publié sur BFMTV.com