dimanche, octobre 6

Ils faisaient partie des candidats qui gênaient le Rassemblement national aux entournures pendant la campagne électorale. Présentés par Jordan Bardella comme des « brebis galeuses » avant le second tour des élections législatives en raison de leurs propos ou de leurs prises de position polémiques, ce sont désormais des députés (ré)élus et des cas que le RN va devoir gérer.

Parmi eux, on retrouve Daniel Grenon, candidat RN et député sortant de la première circonscription de l’Yonne. Arrivé en tête du premier tour avec 40% des suffrages exprimés, il a remporté son duel face à la candidate du Nouveau Front populaire Florence Loury (51,4% contre 48,6%).

Discret depuis son élection à l’Assemblée nationale il y a deux ans, Daniel Grenon a suscité le malaise jusqu’à la direction du parti en raison de propos tenus lors d’un entretien croisé avec Florence Loury pour L’Yonne républicaine et publié mardi dernier. « Sur 30 ou 40 postes, on ne peut pas se permettre d’avoir des binationaux », avait-il déclaré au quotidien régional. « Des Maghrébins sont arrivés au pouvoir en 2016, ces gens-là n’ont pas leur place dans les hauts lieux. »

Des propos « abjects » ou « incompris »?

Des « propos abjects » selon le président du Rassemblement national, affirmant sur BFMTV qu’il aurait « une discussion avec l’intéressé » dans les prochains jours et que Daniel Grenon pourrait être « convoqué devant la commission des conflits » du RN afin de « répondre de ses paroles ». « Il ne siégera pas dans notre groupe à l’Assemblée nationale », avait même affirmé Jordan Bardella.

Mais à en croire Julien Odoul, porte-parole du RN et élu dès le premier tour dans l’Yonne, c’est cette commission, « avec Jordan Bardella, qui déterminera si Daniel Grenon peut ou non siéger dans notre groupe ».

« Je pense qu’il y a eu effectivement des propos qui ont pu toucher, qui, à mon avis, ont été incompris dans le sens que voulait donner Daniel Grenon donc il sera entendu à ce moment-là et cela fixera sa place dans notre groupe », a expliqué Julien Odoul ce lundi matin à France Bleu Auxerre.

Autre député encombrant pour le parti, l’élu de la deuxième circonscription du Cher Roger Chudeau. Il avait estimé sur BFMTV que la nomination de Najat Vallaud-Belkacem au ministère de l’Éducation nationale était « une erreur » et avait mis plus largement en doute la « double loyauté des binationaux ». « Estomaquée », Marine Le Pen avait alors dénoncé une « faute lourde » qui n’est « pas le projet du Rassemblement national.

Cela n’a pas empêché Roger Chudeau d’être réélu avec 52,2% des voix contre le candidat de divers droite Nils Aucante. Une semaine plus tôt, Roger Chudeau était passé tout proche d’une élection dès le premier tour (49,7%).

Des candidats battus ou écartés

D’autres candidats très embarrassants pour le Rassemblement national ont cependant été écartés par les électeurs et n’obligeront par le parti à devoir statuer sur leur sort au palais Bourbon.

Laurent Gnaedig, candidat dans la première circonscription du Haut-Rhin, en première position après le premier tour, a par exemple été largement battu par Brigitte Klinkert (Ensemble) dimanche. Le 4 juillet, il avait présenté ses excuses pour avoir déclaré que les propos de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz, « point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale », « n’étaient pas une remarque antisémite ». Selon lui, il s’agissait simplement d’un « mauvais choix de mots » alors que Jean-Marie Le Pen a été condamné à plusieurs reprises pour ces déclarations.

Paule Veyre de Soras, qui avait balayé tout procès en racisme par le fait que son « ophtalmo » est « un juif » et que son « dentiste » est « un musulman » a encore été plus largement battue dans la première circonscription de la Mayenne. Elle n’a récolté que 32,4% des suffrages face au socialiste Guillaume Garot.

« C’est vrai que c’est maladroit, l’argument qu’elle sort. Mais objectivement, c’est pas une preuve de racisme », avait réagi Marine Le Pen sur BFMTV, estimant que Paule Veyre de Soras ne « mérit(ait) pas d’être virée » pour ces déclarations.

À l’inverse, le Rassemblement national avait fait le choix de retirer la candidature de Ludivine Daoudi, pourtant qualifiée pour le second tour dans la première circonscription du Calvados où devait se jouer une triangulaire. C’est la publication d’un cliché où on la voyait porter une casquette de sous-officier nazi qui avait contraint le RN à prendre cette décision.

Article original publié sur BFMTV.com

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