mercredi, octobre 9

Lors d’un entretien d’embauche, il n’est pas rare qu’un employeur demande « quelle est votre meilleure qualité ».
Vous avez sans doute déjà répondu : le perfectionnisme. Toutefois, la recherche de l’excellence à tout prix n’est pas toujours une bonne chose.
Le perfectionnisme pathologique peut même être lié à un trouble de la santé mentale.

« Le perfectionnisme est une qualité tant qu’il permet la performance, la productivité et qu’il est vécu positivement. Mais il peut devenir source de troubles psychiatriques s’il est stérilisant et paralysant« , expliquent les psychiatres Frédéric Fanget, Charles-Edouard Rengade et Jean-Louis Terra. Dans leur article « Le perfectionnisme. Approche cognitive et comportementale » publié dans le Journal de Thérapie Comportementale et Cognitive (nouvelle fenêtre), ils ajoutent que « le perfectionnisme altère plutôt les performances puisqu’il suscite l’insatisfaction permanente« . Selon eux, le perfectionnisme pathologique est, par ailleurs, « un facteur favorisant ou un facteur de résistance aux traitements de nombreux troubles psychiatriques : trouble obsessionnel compulsif, phobie sociale, dépression, burn-out, anorexie mentale, addictions« .

La tendance excessive à rechercher la perfection

Une étude australienne menée en 2023 (nouvelle fenêtre) a conclu que le perfectionnisme pourrait même être lié à des troubles de santé mentale, en particulier chez les jeunes. Les chercheurs ont d’ailleurs relevé que les préoccupations perfectionnistes contribuent à l’apparition et aux maintiens de symptômes de l’anxiété (nouvelle fenêtre), de la dépression et des troubles obsessionnels compulsifs et de la dépression.

Les spécialistes de la Clinique de psychologie Berri expliquent que « des symptômes dépressifs sont fréquemment observés en lien avec le perfectionnisme pathologique« . Ces personnes ont tendance à se fixer des objectifs de réussites difficiles, voire impossibles à atteindre. Pour tenter de les atteindre, ils redoublent d’efforts, ils sont rigides et inflexibles. « Puisque les objectifs fixés sont rarement atteints, que la satisfaction est difficilement atteignable et que le plaisir est rarement vécu dans l’élaboration d’un projet, l’individu éprouve de la difficulté à développer une estime de soi et une confiance en soi« . Il ressent de la honte, de la culpabilité, de la colère et surtout de l’anxiété. Par ailleurs, la psychologue Delphine Py ajoute dans Cosmopolitan que le perfectionnisme souffre d’un biais cognitif. « Il considère que des causes externes sont responsables de ses succès (la chance, la sympathie que portent les autres à son égard, etc), et que les échecs lui incombent constamment« .

Pour se libérer du perfectionnisme pathologique, les experts recommandent les psychothérapies et les thérapies comportementales et cognitives. L’idée est d’apprendre à prendre conscience des conséquences négatives, à baisser son niveau d’exigence et à lâcher prise. Toutefois, ce travail peut être particulièrement long. « Ces patients sont exigeants avec eux-mêmes, mais aussi avec leurs thérapeutes. Ils voudront toujours aller plus loin, faire toujours mieux en thérapie. Ils éprouvent aussi des réticences à abandonner leur perfectionnisme puisqu’il présente certains avantages« , notent Frédéric Fanget et ses co-auteurs.


Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO

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