vendredi, décembre 5

  • Fournisseurs et distributeurs d’eau, traitement des eaux grises, maintenance des infrastructures…
  • L’économie de l’eau, soutenue par la croissance démographique mondiale, inclut une importante chaîne d’entreprises.
  • Les financements doivent suivre.
  • Les explications de Roni Michaly, président-directeur général de Galilée Asset Management.

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Bien gérer son épargne

Partout sur la planète, l’eau potable devient une ressource rare. Le dérèglement climatique provoque un stress hydrique chronique : les infrastructures se dégradent, les inondations et les sécheresses s’intensifient. Résultat : le coût économique des perturbations liées à l’eau dans le monde approche désormais les cinquante milliards de dollars par an.

Problème : nous consommons neuf fois plus d’eau qu’au début du XXe siècle. Tous les maillons de la chaîne environnementale et industrielle ont besoin d’eau : centres de données, hydrogène, agriculture, énergie, production manufacturière, santé publique, etc. Certains conseillers en investissement considèrent même l’eau comme le « moteur silencieux de l’économie mondiale ». Roni Michaly, président-directeur général de Galilée Asset Management, ne dit pas autre chose à TF1info : « L’eau représente les deux tiers de la planète, mais seul 0,2% peut se boire. L’agriculture accapare 70% de la consommation mondiale d’eau douce. Il faut se rappeler que pour fabriquer une batterie au lithium d’une voiture électrique, Tesla a par exemple besoin de 4.000 litres d’eau. »

Les spécialistes du secteur estimaient le marché mondial de l’eau à 914 milliards de dollars en 2023. Ce chiffre pourrait doubler d’ici 2030. Il faut optimiser le captage de l’eau, innover avec des technologies pour la préserver, moderniser les infrastructures critiques, favoriser la transition énergétique ou encore dépolluer les zones près des usines. Moralité, la thématique de l’eau a besoin de beaucoup d’investisseurs. Certains spécialistes estiment que les investissements en capital-risque restent largement sous-investis : les technologies de l’eau n’ont attiré que 1,2 milliard de dollars de financement mondial en capital-risque en 2023. « L’eau a récemment perdu de sa popularité, les investisseurs gagnant davantage en misant sur des valeurs liées à la tech », reconnaît Roni Michaly. 

De belles rentabilités

Roni Michaly confie que beaucoup considèrent cette valeur « ennuyeuse ». Elle a le mérite de rester sécurisante et peu volatile. Chez Galilée Asset Management, l’eau affiche une rentabilité de 16,1% depuis le début de l’année en cours. « Ces produits stabilisent votre portefeuille. Nous les conseillons face à la bulle de l’intelligence artificielle. Les fonds émis par les entreprises technologiques deviennent très chers. L’eau peut profiter de ce rééquilibrage. La baisse des taux d’intérêts de la Banque centrale européenne va accélérer la rentabilité des projets dans le secteur. » Les normes environnementales favorisent une gestion durable de l’eau et encouragent les investissements. « Le secteur souffre peu des cycles économiques : les besoins en eau restent constants », souligne le conseiller en investissement. Noter que les fonds s’indexent souvent à l’inflation, de quoi générer des flux de trésorerie.

Si vous voulez investir, vous pouvez choisir de sponsoriser directement une entreprise à l’image de Veolia Environnement ou de Suez. Mais vous pouvez également acquérir des horizons bleus (plus souvent appelés blue bonds). De cette façon, vous soutenez des solutions qui améliorent la gestion et la préservation de l’eau ou des révolutions technologiques pour détecter les fuites par exemple. « Cette thématique reste assez large. Ces entreprises contractent avec l’État ou les collectivités locales à long terme », commente Roni Michaly. Le conseiller en investissement juge ces fonds éthiques. Il note néanmoins que des cyberattaques peuvent déstabiliser le réseau d’eau : « En Floride, des pirates ont déjà déversé des additifs chimiques à un niveau critique pour la pérennité des canalisations. Des risques politiques peuvent remettre en question des partenariats et remettre en cause certains projets. Il faut enfin prendre en compte un fort endettement de certaines entreprises qui ne rentabilisent leurs investissements qu’à long terme. »

Geoffrey LOPES

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