jeudi, juillet 4

Après les paroles, les actes. Lundi 1er juillet, plusieurs dizaines de candidats de l’ex-majorité présidentielle se sont désistés en faveur d’un candidat du Nouveau Front populaire (NFP), pour tenter de faire battre le candidat du Rassemblement national (RN), et vice versa.

Emmanuel Macron qui, étrangement, a préféré réunir ses ministres à l’Elysée plutôt que de s’exprimer solennellement devant les Français, a précisé la ligne à la mi-journée, rappelant que c’était l’extrême droite qui était en passe d’accéder aux plus hautes fonctions, et « personne d’autre ». Dans le sillage de son premier ministre, Gabriel Attal, la veille, il a appelé, dans une ambiance tendue et glacée, à ce que « pas une voix » n’aille à l’extrême droite, alors qu’avant le premier tour, il penchait pour un « ni-ni » (ni RN ni La France insoumise).

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Un virage à 180 degrés après avoir mis dos à dos les deux « extrêmes » pendant toute la campagne et souligné le risque de « guerre civile » encouru en cas de victoire de l’un ou de l’autre. M. Macron s’était même acharné sur le NFP, lui reprochant son « immigrationnisme » ou qualifiant d’« ubuesque » certaines de ses propositions, comme « le changement de sexe, libre, en mairie ».

Ce n’est pas la première fois que le président de la République se souvient opportunément du front républicain, pour lequel il ne s’est pas toujours montré allant. Aux élections régionales de 2021, il plaidait pour que ses candidats décident « localement ». Concentré sur son entreprise d’assujettissement du Parti socialiste et des Républicains (LR), il avait par exemple souhaité que, dans les Hauts-de-France, la liste de la majorité – menée par le secrétaire d’Etat Laurent Pietraszewski – ne se retire pas, afin de « forcer à l’accord » le sortant, Xavier Bertrand (LR).

Finalement, la question ne s’était pas posée, La République en marche (LRM, devenue Renaissance) n’ayant pas été en position de se maintenir au second tour. A l’époque, l’eurodéputé Stéphane Séjourné et le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, avaient, eux aussi, enterré le front républicain, plaidant pour des fusions de listes, plutôt que pour des retraits. Face à eux, l’ex-patron de LRM, Christophe Castaner, avait appelé à la clarté, et fait valoir que M. Macron et la majorité sortante allaient avoir besoin du front républicain à la présidentielle de 2022.

Changement de pied

De fait, alors que l’écart entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron se resserrait, avant le premier tour, le président sortant avait eu besoin de rediaboliser son adversaire, opportunément renvoyée aux « fondamentaux » de l’extrême droite : « rejet de la République », « antisémitisme » et « xénophobie ». Il en avait également appelé au rassemblement « de la social-démocratie au gaullisme », sorte de « front républicain permanent » contre les extrêmes. Et reproché aux journalistes d’avoir participé à la « banalisation » de Marine Le Pen. « J’ai moins entendu dire qu’elle est d’extrême droite. Il y a vingt ans, les médias disaient “c’est terrible, front républicain”. Il n’y a plus cette réaction-là », s’était-il désolé, sans rappeler que les siens avaient eux-mêmes contribué à cette banalisation, Gérald Darmanin allant jusqu’à dénoncer la « mollesse » de Mme Le Pen.

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