Le rapport met en lumière un enchaînement de dysfonctionnements. Premier à être interrogé, Noël Corbin, chef de l’inspection générale des affaires culturelles. En menant l’enquête administrative, Noël Corbin a été « très fortement surpris » de constater qu’un musée « gigantesque » et « iconique » comme le Louvre « puisse être aussi fragile ». « À 30 secondes près, les agents de sécurité ou les policiers à bord de la voiture auraient pu empêcher la fuite des voleurs », indique-t-il.
Car une caméra extérieure a bien filmé leur arrivée, l’installation de la nacelle et quelques minutes plus tard leur départ précipité. Problème : à ce moment-là, aucun agent de sécurité ne regarde la vidéo-surveillance. Quant aux policiers, ils sont prévenus de l’intrusion, mais le manque de communication avec les équipes du Louvre les envoie dans la mauvaise direction. Il est trop tard pour neutraliser les voleurs.
« Ce sont des dysfonctionnements successifs qui amènent la catastrophe mais je n’aurais jamais cru que le Louvre puisse avoir tellement de dysfonctionnements », a ajouté le commissaire de police Guy Tubiana, un expert de la sécurité des musées ayant participé à l’enquête.
Un risque de cambriolage minimisé
Autre point soulevé par Noël Corbin, la minimisation du risque de cambriolage. « Dans la cartographie des risques de l’établissement, le risque intrusion-vol est coté à un maximum de 12 sur 64, c’est-à-dire que sur une cartographie des risques, on est en zone verte, on n’est pas du tout en zone ni d’importance, ni d’alerte », constate l’inspecteur.
Symbole de cette sous-estimation du risque selon lui, cet audit de sûreté réalisé en 2019 qui n’a pas été transmis à la nouvelle direction du Louvre en 2021. Réalisé par le joaillier Van Cleef and Arpels, il pointait justement des failles de sécurité dans la galerie d’Apollon, là où les bijoux de la Couronne ont été dérobés. Or ses recommandations, qui concernaient notamment le balcon et la fenêtre par lesquels sont entrés les voleurs, « auraient pu permettre de prendre les mesures susceptibles d’éviter l’intrusion par l’extérieur », selon Noël Corbin.
L’ancien président du Louvre entre 2013 et 2021, Jean-Luc Martinez, silencieux jusqu’à présent, aura l’occasion de s’expliquer sur ces mises en cause devant la même commission mardi prochain.
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