POLITIQUE – Dunkerque, Paris, Lorient, La Rochelle, Brest, Calais… Partout en France, des enseignants et directeurs d’écoles assistent impuissants à des fermetures de classe. En réaction, les mouvements de grève se multiplient. Pour la rentrée 2025-2026, la nouvelle carte scolaire prévoit la suppression de 470 postes dans le premier degré. Jusqu’à 5 000 fermetures de classe sont à prévoir, selon les syndicats.
Un contexte difficile, dans lequel la ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne est sommée de faire ses preuves. L’ex-Première ministre, arrivée il y a trois mois rue de Grenelle, justifie la carte scolaire par une « diminution forte du nombre d’élèves », de l’ordre de plus de 80 000 dans le premier degré.
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Ce que regrettent les syndicats d’enseignants. La porte-parole du SNUipp-FSU Guislaine David regrette que le gouvernement n’ait pas fait le choix de « maintenir des classes et de baisser les effectifs par classe » comme elle le demandait. « Baisser le nombre d’élèves par classe, c’est améliorer les conditions d’apprentissage des élèves et les conditions de travail des enseignants », explique-t-elle sur France Info.
« Une carte scolaire moins dure » que prévu
Élisabeth Borne défend « une carte scolaire moins dure qu’elle ne l’aurait été avec 4 000 postes supprimés ». Dès son entrée à Matignon, François Bayrou n’avait en effet pas retenu cette mesure défendue par l’ancien gouvernement de Michel Barnier. Dans un entretien au Monde ce samedi 29 mars, la ministre pointe aussi le déploiement de « certaines politiques prioritaires, comme l’école inclusive, l’accueil des élèves allophones ou les remplacements » qui peuvent « expliquer le nombre de fermetures de classes ».
Autre argument évoqué par l’ex-cheffe du gouvernement : le budget adopté en février, soit deux mois plus tard que les années précédentes. En l’absence de majorité absolue à l’Assemblée, les députés n’avaient pas voté la première copie du gouvernement en décembre, retardant sa mise en place.
« L’adoption tardive du budget nous a aussi contraints à démarrer les discussions sur la carte scolaire plus tard que d’habitude, et c’est un inconvénient », expose Élisabeth Borne qui se dit, par conséquent, favorable à « une vision pluriannuelle » du budget de l’Éducation nationale, qui ne dépende plus des aléas politiques. Elle révèle d’ailleurs vouloir « signer une convention en ce sens avec l’Association des maires de France ».
Les élus locaux dénoncent « des décisions brutales »
Les élus locaux sont, de fait, très impactés par les fermetures de classe et les suppressions de poste. Dans un communiqué, l’AMF dénonce des « décisions brutales sans concertation des élus locaux » et demande des « discussions et un plan pluriannuel qui permet de voir venir sur le long terme, qu’on n’ait pas de fermetures couperet d’une année sur l’autre ».
Pour l’avenir, la ministre assure vouloir « inverser la logique » pour construire la carte scolaire à « partir de la réalité du terrain, en tenant compte des évolutions démographiques mais aussi des enjeux de maillage territorial. » Et non plus à partir du simple cadre budgétaire.
À Paris, la situation préoccupe tout autant les personnels de l’éducation. Un millier d’enseignants et de directeurs d’écoles de la capitale manifestaient le 25 mars contre la nouvelle carte scolaire, qui prévoit de nombreuses fermetures de classes, mais aussi la fin du régime de décharge des chefs d’établissement.
« Totalement inacceptable », pour la mairie de Paris
Fin janvier, dans le Parisien, le premier adjoint d’Anne Hidalgo, Patrick Bloche, en charge de l’éducation, dénonçait « une carte extrêmement dure et totalement inacceptable ». Élisabeth Borne promet une concertation avec la mairie de Paris, mais assure que le régime spécifique dont bénéficient les directeurs de la capitale n’est pas « conforme à la réglementation ».
Cette dérogation, mise en place en 1982, permet aux directeurs d’école de ne pas avoir à enseigner à partir de cinq classes, contre treize dans le reste du pays. Du temps en plus, mis à profit pour s’occuper des élèves handicapés ou organiser la vie de l’école, assurent les directeurs, attachés à ce régime spécial. La question est maintenant de savoir si c’est à la Ville de Paris ou à l’État de le prendre en charge. En attendant, les grèves, elles, se poursuivent. Certaines écoles seront notamment fermées le 1er avril.
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