Sur les côtes de la Manche, les autorités françaises surveillent de très près un cargo maltais qui a subi de grosses avaries lors d’une tempête.
Il peut encore naviguer, mais aucun port européen n’est prêt à l’accueillir.
En cause : sa cargaison de 20.000 tonnes de nitrates d’ammonium, un engrais hautement explosif.
Cargo chargé d’explosifs recherche port d’attache désespérément. Tel pourrait être le slogan du Rubis, un navire de 183 mètres de long qui transporte du nitrate d’ammonium, un engrais au fort potentiel explosif. Il y en a 20.000 tonnes à bord, soit sept fois plus qu’en 2020 à Beyrouth. La même substance, stockée dans un entrepôt, avait explosé et rasé le port de la capitale libanaise, faisant plus de 200 morts et 6500 blessés.
Plus on avance dans le temps, plus le nitrate se décompose, plus le nitrate se tasse. Et ça devient un navire à très haut risque ensuite.
Plus on avance dans le temps, plus le nitrate se décompose, plus le nitrate se tasse. Et ça devient un navire à très haut risque ensuite.
Eric Slominski, expert maritime en transport de matières dangereuses
Pour l’heure, aucun port n’accepte d’accueillir ce navire maltais. Il est considéré comme trop dangereux, car il est sérieusement endommagé : son hélice, son gouvernail et sa coque sont fissurés. Combien de temps peut-il errer en mer ? « On peut le laisser là, au mouillage pendant des années. Mais plus on avance dans le temps, plus le nitrate se décompose, plus le nitrate se tasse. Et ça devient un navire à très haut risque ensuite », prévient Eric Slominski, expert maritime en transport de matières dangereuses. Le cargo a quitté la Russie en août dernier. Pris dans une tempête, il avait dû faire escale en Norvège avant de repartir ensuite en Lituanie où son accostage a été refusé. Depuis, il erre près des côtes britanniques.
Les autorités françaises se veulent rassurantes. « Nous sommes en contact régulier avec l’armateur qui est collaboratif. D’ailleurs, celui-ci a dépêché un remorqueur pour pouvoir lui apporter une assistance dans la zone de mouillage où il est actuellement », explique Etienne Baggio, porte-parole de la préfecture maritime de la Manche. Toutefois, la préfecture maritime n’autorisera pas le cargo à accoster dans un port français tant qu’il contiendra sa cargaison explosive.