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Un journaliste avec un exemplaire de « The Times » à la main, devant Buckingham Palace, mardi 6 février 2024.

L’annonce du cancer du roi Charles III, lundi 5 février, a ému le Royaume-Uni. En atteste la pléthore de reporters campés devant Buckingham Palace, mardi, et de journaux qui y consacrent leur « une ». « The King has cancer » (« Le roi a un cancer ») titrent notamment le Times, le Daily Telegraph et plusieurs tabloïds britanniques, comme The Sun et le Daily Star, affichant tous un portrait de Charles, devenu roi après la mort de sa mère, Elizabeth II, le 8 septembre 2022 à l’âge de 96 ans.

The Mirror partage en « une » le « choc » de la nation britannique, qualifiant l’annonce du palais de « bombe » et soulignant que le problème de prostate du roi – pour lequel il a subi une intervention chirurgicale il y a une dizaine de jours –, lui « a peut-être sauvé » la vie. Le Daily Mail dépeint pour sa part le portrait d’un roi combatif, « profondément reconnaissant » que les médecins aient « détecté tôt » son cancer. « Remettez-vous vite, Votre Majesté, le pays a besoin de vous », exhorte le journal.

« En quelques heures, le destin de la famille royale a basculé, et celui du Royaume-Uni avec lui », souligne le Daily Telegraph, qui analyse par ailleurs un changement de communication par rapport au grand-père de Charles III, George VI, qui avait gardé ses problèmes de santé secrets avant sa mort en 1952, et à Elizabeth II. La BBC, qui a lu lundi soir le communiqué de Buckingham Palace en direct, convoque la parole de l’ancien attaché de presse de la reine, Simon Lewis, qui estime aussi qu’il y a vingt ans, « nous n’aurions eu qu’une “courte et sèche déclaration” » sur l’état de santé du monarque. Selon lui, Buckingham Palace « est allé aussi loin qu’il le pouvait » dans sa communication.

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« Déclarations opaques »

Le quotidien The Times n’y voit toutefois pas un véritable changement de la communication royale, estimant qu’après la transparence dont le roi a fait preuve en rendant public son problème de prostate, l’annonce de son cancer « renou[ait] avec les anciennes règles » du Palais, avec « des déclarations opaques ». « En choisissant d’être transparent un instant et plus l’instant d’après, ils pourraient s’attirer des spéculations non désirées », analyse le quotidien, qui craint que « beaucoup supposent que l’état de santé du roi est plus grave que ce que le Palais laisse entendre ; ou pire qu’ils cherchent à cacher quelque chose ». Le journal britannique semble ainsi encore porter le traumatisme de la communication du Palais à propos du prince Philip ou d’Elisabeth II, quand Buckingham les avait déclarés « dans un bon état d’esprit » peu de temps avant d’annoncer leur mort.

Au-delà de l’annonce, les journaux britanniques veulent croire, mardi, en la solidité des liens de la famille royale pour épauler Charles et assumer certaines de ses obligations. Le biographe royal Christopher Wilson souligne dans le Daily Telegraph que le roi a « l’amour de sa vie à ses côtés », « son roc », la reine Camilla, pour l’aider à traverser cette épreuve. « In Camilla we trust » (« Nous faisons confiance à Camilla »), affiche The Mirror, qui pointe le changement drastique d’image d’une reine, ancienne maîtresse du roi quand il était marié à Diana, qui fut jadis une « paria » et « dirige désormais la Firme », en référence au surnom de la famille royale.

Le prince William, fils aîné de Charles et héritier de la couronne, devrait aussi jouer un rôle plus important dans les apparitions publiques et les engagements officiels, analyse la BBC. Mais le prince reprend à peine ses fonctions après que sa femme, Kate, a elle aussi subi une « opération abdominale », dont on ne sait presque rien. L’arrivée au Royaume-Uni de Harry, exilé en Californie avec sa famille depuis 2020 et en froid avec la famille royale, soulève aussi, sur les « unes » et dans les colonnes britanniques, de nombreuses interrogations et espoirs de réconciliation. « Est-ce le moment pour Harry de rentrer au bercail ? », interroge The Mirror, quand le Daily Mail se demande si « William et Harry vont finalement se réconcilier », après s’être déchirés ces dernières années.

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Le Monde

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