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Le ministre canadien de l’immigration, des réfugiés et de la citoyenneté, Marc Miller, à la Chambre des communes, à Ottawa, le 26 février 2024.

Sur des pages Facebook et des sites dédiés, les témoignages d’impatience, voire de désespoir, sont nombreux. « Ce sont des moments douloureux qu’on vit loin de la personne qu’on aime », raconte Sonia Ouellet sur le site de Québec réunifié, une association de soutien aux personnes en attente d’une procédure de regroupement familial. Mariée à un Mexicain depuis plus de deux ans, la Québécoise est séparée de son époux, qui a vu sa demande d’asile refusée alors qu’il travaillait au Québec depuis trois ans. Le couple attend, depuis, que leur demande aboutisse.

Parlant de « drame humanitaire » à propos de ces situations familiales, le ministre canadien de l’immigration, Marc Miller, a, lundi 4 mars, donné la consigne à ses fonctionnaires de dépasser les seuils fixés par la Belle Province en matière de regroupements familiaux. Depuis plusieurs mois, iI demandait à son homologue québécoise, Christine Fréchette, de remédier à la situation alors que les délais de traitement de ces dossiers s’éternisent. Les Québécois qui souhaitent faire immigrer un époux ou une épouse d’origine étrangère doivent attendre en moyenne trente-quatre mois, contre douze pour les Canadiens des autres provinces. Faire venir un parent ou un grand-parent d’origine étrangère peut même prendre jusqu’à cinquante mois au Québec, contre vingt-quatre dans le reste du pays.

Le Québec, seule province du Canada à disposer d’un pouvoir en matière d’immigration avec la délivrance – ou pas – d’un certificat de sélection du Québec (CSQ), a fixé un seuil à environ 10 000 admissions par an pour la seule catégorie du regroupement familial. Un seuil qui est loin de répondre à la demande. Dans une lettre de Marc Miller à Christine Fréchette, le ministre avance le chiffre de 20 500 demandes en date du 31 janvier 2024. Toutes ont obtenu un CSQ, mais ne peuvent passer à l’étape suivante, à savoir la résidence permanente, à cause du « seuil » québécois.

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Si Québec continue de délivrer des CSQ, Ottawa promet d’accorder la résidence permanente aux demandeurs dans les délais usuels et en passant outre l’échelon provincial. « Nous avons accueilli cette annonce avec un espoir prudent : les 20 000 dossiers évoqués devraient trouver une fin heureuse, mais il y a plus de 38 000 demandes dans le système », analyse Marie-Gervaise Pilon, vice-présidente de Québec réunifié. Un « accueil favorable mais vigilant » estime, quant à elle, Claire Launay, présidente de l’association Le Québec c’est nous aussi, qui défend également les droits des personnes migrantes au Canada.

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