vendredi, juin 28

Romancier et historien militaire, Caleb Carr est mort des suites d’un cancer jeudi 23 mai, à 68 ans, selon un communiqué de Little, Brown and Company, sa maison d’édition. « Caleb a vaillamment vécu sa vie d’écrivain, avec des ouvrages de politique, d’histoire et de sociologie, mais aussi, ce qui est le plus étonnant pour cet historien, avec des œuvres de fiction extrêmement divertissantes », a écrit Joshua Kendall, son éditeur.

Originaire de Manhattan, Caleb Carr a grandi dans un milieu littéraire et culturel. Avec son père, Lucien Carr, et ses camarades de classe de l’université Columbia, Jack Kerouac et Allen Ginsberg, qui ont contribué à fonder le mouvement Beat après la seconde guerre mondiale.

L’auteur du roman à succès L’Aliéniste, paru en 1994 et récipiendaire du grand prix de littérature policière et du prix Mystère de la critique, était en effet le fils de Lucien Carr, poète emprisonné dans les années 1940 pour homicide involontaire après la mort d’un ami de longue date, David Kammerer.

Caleb Carr, né plus de dix ans plus tard de Lucien Carr et de Francesca von Hartz, craignait d’être la prochaine victime. Avec un esprit « jubilatoire », rapporte-t-il, son père le giflait à l’arrière de la tête et le faisait régulièrement tomber dans les escaliers, tout en essayant de le rendre responsable des chutes.

« L’Aliéniste », son succès

De ses souffrances, Caleb Carr a appris à mépriser la violence, à craindre la folie et à sonder les origines de la cruauté. Dans son roman le plus connu, L’Aliéniste, John Schuyler Moore est un fait-diversier du New York Times qui, dans le Manhattan des années 1890, enquête sur une série de meurtres commis sur des adolescents. Carr dira de ce roman qu’il est autant un « whydunit » (« pourquoi l’a-t-il fait ? ») qu’un « whodunit » (« qui l’a fait ? »). Il y inséra des références à la psychologie, discipline émergente du XIXᵉ siècle, alors que Moore et son ami le Dr Laszlo Kreizler recherchent non seulement l’identité du tueur, mais aussi ce qui l’a poussé à commettre ses crimes.

Caleb Carr a connu un tel succès en tant que romancier que sa formation d’historien militaire a été occultée. Pourtant, il a enseigné l’histoire militaire au Bard College, a contribué à la rédaction du Quarterly Journal of Military History et a entretenu une collaboration étroite avec l’universitaire James Chace, avec qui il a écrit L’Amérique invulnérable : la quête d’une sécurité absolue de 1812 à la guerre des étoiles.

Carr a écrit pendant des années sur la possibilité d’un terrorisme contre les Etats-Unis et a publié un livre quelques mois après les attentats du 11 septembre 2001. Dans Les leçons de la terreur, il soutient que les campagnes militaires contre les populations civiles échouent inévitablement et s’appuie sur des leçons remontant à la Rome antique.

Dès l’enfance, Caleb Carr a été tellement dégoûté par le comportement humain qu’il s’est mis à s’identifier aux chats, jusqu’à écrire Mon monstre bien-aimé, paru à la mi-avril 2024, où il raconte son histoire de dix-sept ans avec Masha, un chat sibérien, qu’il a recueilli dans un refuge.

Le Monde avec AP

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