dimanche, novembre 24

La Maison des femmes de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière accueille désormais deux fois plus de femmes qu’au lancement du dispositif en 2021.
Au total, pas moins d’une trentaine de professionnels, de différents horizons, y accompagnent des victimes de violences.
Un atelier dédié à la réparation de l’estime de soi y est notamment proposé, une équipe de TF1 a pu y assister.

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Journée Internationale de lutte contre les violences faites aux femmes

Les Maisons des femmes se développent partout en France. En témoigne, celle de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière où plus de 300 femmes ont été suivies l’an dernier, soit deux fois plus qu’au lancement du dispositif en 2021. Un dispositif qui a fait ses preuves. 

Dans ce lieu unique, les victimes sont adressées par une association ou un service d’urgence mais viennent aussi parfois de leur propre chef. Bien souvent, la première consultation est une épreuve. « J’ai encore du mal à me rendre compte (ndlr : que ce n’est pas normal ce qu’il se passe), vu que je l’aime de tout cœur. J’arrive toujours à lui trouver des excuses », entend-on notamment expliquer une jeune femme dans le reportage en tête de cet article, évoquant les insultes et les violences physiques dont elle est victime. En face d’elle, pour l’écouter, et mettre des mots sur ce qu’elle vit, se trouve Delphine Giraud, sage-femme, et coordinatrice de la Maison des femmes de la Pitié-Salpêtrière. « Nous, on fait une première évaluation quand on les reçoit où on évalue les différents besoins, que ce soit social, en santé mentale, en santé physique, au niveau juridique aussi », explique cette dernière.

« J’ai tellement entendu que j’étais une moins que rien »

Chaque jeudi matin, des juristes reçoivent sur rendez-vous pour informer et accompagner les démarches judiciaires tandis que dans le bureau d’en face est assurée une permanence policière. Avec une voix douce et rassurante, Raphaël, enquêteur, accueille ce jour-là une femme, magistrate, venue porter plainte contre son mari. « Ce type de plainte ça peut être des plaintes assez longues donc si vous avez besoin de faire des pauses ou quoi que ce soit, on fera des pauses », la rassure-t-il. « C’est des démarches qui sont très compliquées parce que souvent, ça vient remettre en cause 20 ans de vie commune. Donc ça demande un courage et une force immenses. Ici, c’est moins effrayant ou disons c’est moins impressionnant qu’un commissariat bien évidemment », précise-t-il au micro de notre journaliste.

Au total, pas moins d’une trentaine de professionnels, de différents horizons, interviennent auprès de ces femmes et tous ont été formés aux violences.  C’est aussi le cas des personnes en charge de l’atelier « Estime de soi » qui propose notamment aux femmes victimes de violences de se livrer à une séance photo. « Je ne suis pas photogénique », lance Alexandra, infirmière puéricultrice, qui a quitté son conjoint violent et vient ici depuis deux mois. « C’est moi en mieux », commente-t-elle, en visionnant le résultat dans l’appareil photo. « Non, c’est toi. Et ce que tu as envie d’être et ce que tu es en train de mettre en place », lui répond l’animatrice avec bienveillance. « Je sais être ce qu’on attend de moi, mais je ne sais pas être moi-même. Je ne sais pas qui je suis. Ou plutôt ce que je suis, c’est quelqu’un de très blessé. Et je n’ai pas forcément envie qu’on le voit », confie Alexandra, qui entame son chemin vers la reconstruction.

Après une vie de violences conjugales, Madeleine, 76 ans, a, elle aussi, fini par se sauver et est suivie depuis plus d’un an dans la Maison des femmes qu’elle quittera dans quelques semaines. « Ça m’a apporté que j’étais importante, que j’existais. Parce que j’avais tellement entendu dans ma vie que j’étais une moins que rien, un déchet de l’humanité et j’en passais des meilleures. Le fait qu’on me considère pour moi, ça m’a permis d’avancer de manière extraordinaire », témoigne-t-elle, reconnaissante.


La rédaction de TF1info | Reportage : Frédérique AGNES

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