- La Bulgarie rejoint jeudi la zone euro et deviendra ainsi le 21ème pays à adopter la monnaie unique européenne.
- Pourtant, certains craignent que cette intégration ne favorise l’inflation et n’accentue l’instabilité politique.
Trois ans après la Croatie, dernier pays en date à avoir adopté la monnaie unique en 2023, la Bulgarie passe à l’euro. Le pays des Balkans de 6,4 millions d’habitants abandonne le lev bulgare pour devenir le 21e État à adopter la monnaie européenne, introduite initialement le 1er janvier 2002 dans douze pays. Une intégration dont certains craignent pourtant qu’elle ne favorise l’inflation et n’accentue l’instabilité politique au sein du pays le plus pauvre de l’UE, dont Sofia est membre depuis 2007.
Les gouvernements successifs ont poussé à l’adoption de l’euro afin de dynamiser l’économie, de renforcer ses liens avec l’Ouest de l’Europe et de le protéger de l’influence de la Russie. Or, le gouvernement de coalition conservateur en place depuis moins d’un an a démissionné mi-décembre sous la pression de manifestations anticorruption, annonçant la tenue des huitièmes élections législatives en cinq ans.
49% des Bulgares opposés à la monnaie unique
Au cours de l’été, un mouvement de protestation réclamant de « garder le lev bulgare »
est apparu, à l’initiative notamment de partis d’extrême droite et prorusses, jouant sur les craintes des Bulgares de voir les prix grimper. Selon la dernière enquête d’opinion de l’agence de sondage de l’UE Eurobaromètre, 49% des Bulgares sont opposés à la monnaie unique. Dans ce contexte d’instabilité, tout problème lié à l’introduction de l’euro sera exploité par les responsables politiques anti-UE, estime Boryana Dimitrova, de l’institut de sondage Alpha Research, joint par l’AFP.
Il faut reconnaître que la hausse des prix n’a pas été négligeable (ces derniers temps)
Il faut reconnaître que la hausse des prix n’a pas été négligeable (ces derniers temps)
Boryana Dimitrova, de l’institut de sondage Alpha Research, à l’AFP
L’inquiétude est particulièrement palpable dans les zones rurales pauvres de la Bulgarie, où les habitants redoutent une hausse des prix et une perte de repères avec l’adoption de l’euro. D’autant qu’« il faut reconnaître que la hausse des prix n’a pas été négligeable »
ces derniers temps, d’après l’Institut national des statistiques, rappelle Boryana Dimitrova. Les prix des denrées alimentaires avaient par exemple augmenté de 5% sur un an en novembre 2025, soit plus du double de la moyenne de la zone euro, et l’immobilier s’est lui envolé de 15,5% au deuxième trimestre 2025, soit trois fois plus que la moyenne dans la zone euro.
Pour autant, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a relativisé les changements de prix, les qualifiant de « modestes et de courte durée »
et affirmant que lors des précédents passages à l’euro, l’impact se situait entre 0,2 et 0,4 point de pourcentage. Elle a également affirmé que les gains liés à l’adoption de l’euro seront « substantiels »
, citant « des échanges plus fluides, des coûts de financement plus faibles et des prix plus stables »
. Les petites et moyennes entreprises pourraient économiser l’équivalent d’environ 500 millions d’euros en frais de change, a-t-elle ajouté le mois dernier à Sofia.
Pour tenter de rassurer l’opinion publique, le parlement bulgare a renforcé au cours de l’été les organes de contrôle chargés d’enquêter sur les hausses brutales des prix et de freiner toute flambée « injustifiée »
liée au passage à l’euro. Un secteur en particulier devrait bénéficier de l’euro dans le pays bordant la mer Noire : celui du tourisme, qui a généré cette année environ 8% du PIB.




