samedi, octobre 12

Un avertissement de plus pour Michel Barnier. La société américaine Fitch a décidé, vendredi 11 octobre, de ne pas abaisser dans l’immédiat la note accordée à la dette française, la conservant à AA−, l’équivalent d’un 17 sur 20, mais elle y a ajouté une « perspective négative ». En clair, si le tir n’est pas rapidement rectifié, si les promesses de redressement des comptes publics ne sont pas tenues, la note risque d’être revue à la baisse lors du prochain examen.

Le nouveau ministre de l’économie, Antoine Armand, a immédiatement « pris acte » de la décision de Fitch, et réaffirmé « la détermination du gouvernement à redresser la trajectoire de finances publiques et à maîtriser l’endettement ».

Pour l’heure, les comptes tricolores peuvent paraître hors de contrôle. Le déficit public, qui, après un premier dérapage en 2023, devait initialement revenir à 4,4 % du produit intérieur brut (PIB) en 2024, a toutes chances, au contraire, de s’aggraver. Les grands argentiers de l’Etat seront satisfaits s’il ne dépasse pas 6,1 % du PIB en fin d’année.

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« Incertitude politique persistante »

Le budget de rigueur pour 2025 présenté jeudi est censé marquer une première inflexion, et ramener le déficit à 5 % du PIB, mais nombre d’experts doutent que cet objectif puisse être atteint. Fitch table plutôt sur 5,4 % du PIB en 2025 comme en 2026, « compte tenu de l’incertitude politique persistante et des risques de mise en œuvre de certaines mesures ». L’agence parie sur le fait que le budget sera promulgué avant la fin de l’année, « mais le gouvernement pourrait devoir faire des concessions pour s’assurer le soutien des partis d’opposition ».

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Pour la suite, le gouvernement s’apprête à négocier avec Bruxelles afin de reporter de 2027 à 2029 la date à laquelle le déficit devrait revenir sous la limite de 3 % du PIB prévue dans les traités. Mais là non plus, Fitch ne croit pas que cet objectif puisse être atteint dès 2029.

Cet avertissement de Fitch – en attendant les décisions des autres agences, Moody’s fin octobre puis Standard & Poor’s en novembre – souligne une nouvelle fois l’effritement de la crédibilité du gouvernement français auprès des marchés financiers. La dérive du déficit a semé le doute sur la fiabilité du ministère de l’économie. « Longtemps, Bercy mentait avec crédibilité, lance Hadrien Camatte, économiste France à Natixis, une banque d’investissement. Maintenant, ça commence à se voir. »

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L’inquiétude d’une « déception permanente »

Signe de cette crise de confiance, les investisseurs japonais, longtemps grands acheteurs de la dette français, ont commencé à se retirer. « L’argument selon lequel il y aura toujours des investisseurs japonais pour acheter la dette est caduc, constate Raphaël Gallardo, chef économiste de Carmignac, une société de gestion d’actifs française. L’inflation est de retour au Japon, les taux d’intérêt y sont remontés et continueront à se normaliser sous la mandature du [premier ministre Shigeru] Ishiba : les investisseurs japonais n’ont donc plus forcément besoin de venir en Europe pour chercher du rendement. »

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