L’an dernier, 55% des Français ont souffert de la chaleur pendant au moins 24 heures, selon un rapport dévoilé mercredi par la Fondation Abbé Pierre.
Les locataires et propriétaires de passoires thermiques souffrent, durant l’été, de ces logements transformés en bouilloires.
Des travaux de rénovation peuvent améliorer le confort des appartements et maison, mais tous ne sont pas aidés.
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Achat immobilier ou travaux : les aides pour les propriétaires
Les « passoires thermiques », ces appartements et maisons qui l’hiver laissent passer le froid et l’humidité, se transforment en « bouilloires thermiques » l’été. Selon un rapport dévoilé par la Fondation Abbé Pierre mercredi, 55% des Français ont souffert de la chaleur dans leur logement pendant au moins vingt-quatre heures en 2023 et un quart en a souffert « fréquemment » durant l’été. De même source, le nombre de personnes vivant dans des appartements et maisons « trop chauds » a augmenté de 26% depuis 2013.
Face à cette situation, la Fondation alerte sur le fait que les aides pour rénover son logement, telles que Ma Prime Rénov’, ne subventionnent pas suffisamment les travaux d’adaptation à la chaleur, sauf à entreprendre une rénovation globale de son logement (pour laquelle il existe des aides, mais dont le coût est souvent trop élevé pour les ménages modestes).
Isoler les parois, occulter les fenêtres
Face aux vagues de chaleur, quatre leviers d’action sont possibles pour les logements, relève l’Ademe dans un rapport consacré au sujet :
— limiter les apports de chaleur extérieure par les fenêtres et les parois ;
— faciliter la ventilation naturelle par ouverture des fenêtres pour évacuer la chaleur stockée dans le logement ;
— diminuer la température ressentie grâce aux brasseurs d’air ;
— limiter les apports de chaleur interne.
Pour empêcher la chaleur d’entrer dans le logement, l’Ademe recommande d’installer des protections sur les fenêtres. Selon la configuration des lieux, différentes solutions existent : volets extérieurs, pergola, stores, voile d’ombrage, films protecteurs solaires à coller sur les vitres.
L’agence pour la transition énergétique recommande toutefois de privilégier des protections mobiles : un système fixe causerait en effet problème en hiver, avec des rayons du soleil qui ne réchaufferaient plus le logement. Il est aussi préférable de privilégier les protections disposées à l’extérieur du vitrage plutôt qu’à l’intérieur, cela empêche l’effet de serre dans le logement, car le rayonnement solaire est renvoyé vers l’extérieur avant de pénétrer à l’intérieur.
Cela est d’autant plus vrai avec les fenêtres inclinées, type vitrage dans un toit, qui sont davantage exposées aux rayons du soleil et dont il faudra renforcer la protection.
Des travaux pour isoler les parois améliorent aussi la situation énergétique du logement, hiver comme été, et sont subventionnés par Ma Prime Rénov selon conditions. La toiture est en effet la deuxième source d’apport de chaleur, après les fenêtres et autres ouvertures. Il peut aussi être utile d’isoler le plancher de combles non aménagés situés sous une toiture inclinée et enfin d’isoler les murs par l’extérieur.
Certains revêtements se révèlent aussi efficaces : peinture qui réfléchit la chaleur, toiture végétalisée, présence de bardage ventilé. Mais selon la Fondation Abbé Pierre, ce type de travaux se heurte souvent à des difficultés administratives et patrimoniales pour les locataires et les propriétaires qui voudraient les entreprendre (contraintes architecturales, accord nécessaire de la copropriété, etc).
Limiter la consommation électrique à l’intérieur des logements
L’Ademe recommande aussi de limiter la chaleur interne au logement, facteur non négligeable de l’inconfort thermique. Il est pour cela nécessaire que les équipements électriques soient en bon état et bien utilisés. Car tous les équipements électroniques et électroménagers surchauffent les appartements et maisons : le four bien sûr, mais aussi le lave-vaisselle, le lave-linge et le sèche-linge produisent de la chaleur.
Il est donc recommandé de les utiliser seulement la nuit en cas de fortes chaleurs. Leur état et leur positionnement vont également être important : entre un réfrigérateur de bonne qualité, bien installé, avec un espace de ventilation à l’arrière, dégivré et un équipement ancien, placé contre un mur chaud, la production de chaleur peut être dix fois supérieure dans le deuxième cas !
Cela représente évidemment un coût : or, les locataires de passoires/bouilloires thermiques sont parmi les ménages les plus modestes.
Brasser l’air plutôt que climatiser
Enfin, il est recommandé de faire circuler l’air au maximum dans le logement. Une gageure dans de nombreux appartements dont les fenêtres donnent sur une seule façade avec l’impossibilité de créer un courant d’air. C’est le cas surtout dans les grandes villes, où les logements sont aussi bas de plafonds, ce qui empêche une bonne ventilation des lieux.
Pour y remédier, il est possible d’installer des brasseurs d’air qui, s’ils ne rafraichissent pas les logements, permettent de faire circuler l’air et sont efficaces contre la sensation de chaleur.
Qui dit brasseur d’air ne dit pas climatisation ! Car ce système de refroidissement intérieur contribue au réchauffement global de la planète (les climatiseurs recrachent l’air chaud de votre logement à l’extérieur ; en ville, cela renforce les îlots de chaleur urbains). Les émissions dues à la réfrigération et à la climatisation représentent 7% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (soit davantage que le secteur aérien, qui représente 2,5% des émissions).
Si rien n’est fait, elles devraient doubler d’ici à 2030 et tripler d’ici à 2050 : en effet, dix climatiseurs sont vendus chaque seconde dans le monde et selon l’Agence internationale de l’énergie, 5,6 milliards d’appareils pourraient être en service en 2050. Une situation intenable pour la planète, et insoutenable pour la demande d’électricité que cela représente.
Pour la Fondation Abbé Pierre, il est donc nécessaire d’aider davantage les Français face à ces chantiers, en obligeant par exemple les propriétaires à s’assurer d’une température maximale dans les logements, comme cela existe pour la température minimale.
Le temps presse : selon le rapport, « un Français sur 7 habite un territoire qui sera exposé à plus de vingt journées anormalement chaudes chaque été d’ici à 2050« . Dans la perspective d’un réchauffement de +4°C, trajectoire retenue par le gouvernement pour s’adapter au changement climatique, 93% du parc bâti sera exposé « à un risque fort ou très fort lié aux vagues de chaleur« .